All We Imagine as Light de Payal Kapadia, Grand Prix au Festival de Cannes 2024 : Notre avis

Par Manon de Sortiraparis · Publié le 25 mai 2024 à 19h37
La réalisatrice indienne Payal Kapadia revient à Cannes, cette fois-ci en compétition officielle, avec All We Imagine as Light. Le film a reçu le Grand Prix de cette 77e édition. Découvrez notre avis.

Trois ans après son premier long-métrage, Toute une nuit sans savoir, récompensé par l’Œil d'Or du meilleur documentaire au Festival de Cannes, Payal Kapadia est de retour sur la Croisette. Cette fois-ci, c’est en compétition officielle que la réalisatrice indienne présente son premier film de fiction, All we imagine as light. Et c’est un évènement puisqu’il s’agit là du premier film indien en compétition officielle depuis 30 ans - après Destinée de Shaji N. Karun. Payal Kapadia signe une oeuvre sociale emplie d’espoir qui, dans un contexte indien toujours aussi patriarcal, donne la parole à trois femmes d’âges et de milieux sociaux différents.

Infirmière à Mumbai, Prabha (Kani Kusruti) cache son tourment intérieur en se jetant à corps perdu dans son travail - bien que son regard, traversé de souci, ne trompe personne. Elle voit son quotidien bouleversé lorsqu’elle reçoit un cadeau de la part de son mari qu’elle n’a pas vu depuis des années. De son côté, Anu (Divya Prabha), sa jeune et insouciante collègue et colocataire, cherche en vain un endroit dans la ville pour partager un peu d’intimité avec son amoureux. Accompagnées d’une amie, Parvaty (Chhaya Kadam), les deux femmes se rendent dans le village côtier de Ratnagiri. Là-bas, une forêt tropicale devient un espace de liberté où leurs désirs à toutes les trois peuvent enfin se manifester.

Dans une Mumbai filmée de nuit, sous la pluie - cette ville goulue et bleue, "cité des rêves ou des illusions" en pleine saison de la mousson - Payal Kapadia signe un film à la fois dense et ethéré, contemplatif et poétique, offrant une critique fine mais sans équivoque de la société indienne. Si la mise en scène se fait discrète, soulignée d’un joli grain texturé à l’image, le message n’en est que plus fort : l’émancipation de la femme indienne est en marche. En fuite vers plus de liberté, tandis que le train sert autant à relier les quartiers de la ville qu’à faire avancer ces femmes vers leur destin, Payal Kapadia étrille les problèmes qui découlent d’un patriarcat millénaire : le respect forcé envers les hommes, les mariages forcés eux-aussi, les injonctions faites aux femmes indiennes.

Autant de batailles à mener en parallèle des combats économiques et sociétaux, du système de castes à renverser jusqu’à l’union des travailleurs qui se battent pour plus de droits ; et au milieu de tout ça, cette sororité qui se replie sur elle-même, recréant un cocon de sécurité qui tente de protéger la génération suivante en fermant les yeux et en ouvrant le coeur. Un portrait de femmes fortes, féministes sans avoir besoin de le dire, qui évite même de tomber dans le manichéisme.

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Informations pratiques

Dates et Horaires
À partir du 2 octobre 2024

× Horaires indicatifs : pour confirmer l'ouverture, contactez l'établissement.
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