Du 19 janvier au 17 mars 2012, la Galerie Maeght propose une exposition de photographies de Clovis Prévost. S’y font face 38 photographies d’artistes au travail, parmi les plus grands de notre temps de Alexandre Calder à Jacques Monory, et 14 photographies d’art, notamment une magnifique série dédiée à l’architecture de Gaudí ainsi que d’étonnants clichés réalisés lors de l’exposition du Musée imaginaire d’André Malraux à la Fondation Maeght.
Hier Calder, Malraux, Miró, Tàpies, Chillida, Bury, Ubac, Adami aujourd’hui Arroyo, Monory, Del Re, Fromanger : passionné d’art, Clovis Prévost a accompagné ces grands artistes d’hier et d’aujourd’hui dans l’intimité de leur atelier. Compagnon discret de leur travail créatif et solitaire, il livre dans cette exposition une série de clichés uniques, tant par leur qualité picturale que par la fragilité et l’intensité des moments restitués. Clovis Prévost est le témoin attentif et émerveillé de ces instants si réels mais si fugitifs que seule la photographie peut donner à voir. Par sa faculté étonnante de se glisser dans l’univers d’un artiste, d’épouser ses gestes, le photographe capture et donne à revivre l’intensité des moments de création, de discussion entre artistes, de réflexion, de métamorphoses. Comme un hommage à Salvador Dalí, l’exposition fait le lien entre les deux grandes passions du photographe. Dalí est en effet l’artiste qui introduisit Clovis Prévost au sein de la grande famille de l’art. Il est celui qui découvrit son talent de photographe d’architecture quand il lui proposa, en 1967, de faire « le plus beau livre jamais réalisé sur Gaudí ». Ces photographies de la Sagrada Familia de Gaudí, plusieurs fois sélectionnées et exposées, sont un des temps forts de l’exposition. En vis-à-vis des photographies des artistes au travail, elles offrent une profondeur de champ unique pour l’imaginaire et la sensibilité, dans des noirs profonds et poudrés, ondulants, basculants, hypnotiques. Ce travail autour de Gaudí se prolonge avec les photographies du Palais Idéal du Facteur Cheval qui en restituent l’étonnante force, la beauté. « 8 500 tonnes de fer » : les photographies prises par Clovis Prévost, dans le cadre du film coréalisé avec Pol Bury pour Maeght Producteur, sont le fruit de son travail sur l’image, l’architecture et la photographie, autant que l’expression de sa complicité avec les artistes qu’il accompagne. « Pour ouvrir l’année, nous avons souhaité proposer aux collectionneurs ainsi qu’à tous les amateurs de photographie d’approcher l’intimité des grands artistes du XXe siècle. Cette exposition offre un instant de poésie et de profondeur, un instant d’intimité, aussi, avec tous ces artistes tant aimés d’hier et d’aujourd’hui. Il était très important à nos yeux de proposer ces images face à des photographies que Clovis Prévost a réalisées autour d’architectures, notamment celles de la Sagrada Familia grâce auxquelles Dalí a fait entrer Clovis Prévost dans la grande famille des artistes » déclare Isabelle Maeght, directrice de la Galerie Maeght.
Photos d’artistes : montrer ce que l’on ne peut voir. Suivant les artistes dans la durée, aimant établir une complicité, des amitiés au long cours, Clovis Prévost s’attache avant tout à la figure humaine, loin des portraits conventionnels, et de préférence en pleine action : Tàpies à contre-jour, Ubac de dos, Bury le visage rendu méconnaissable par des miroirs déformants dans lesquels il réfléchissait la tour Eiffel, Malraux appuyant son discours à grand renfort de gestes passionnés... Il n’est pas rare que quelque détail familier s’ajoute au portrait : le chien près du chevalet de Monory, un portrait de Beckett visible derrière une sculpture d’Ubac, et même la chaise vide dont on sait que Miró vient de la quitter. Pour Clovis Prévost, « l’atelier d’un artiste est un lieu scénique, un environnement construit qui, s’il n’est pas une œuvre, y est intimement lié ». Le photographe cherche donc à saisir le geste créateur dans ce lieu intime du travail où l’œuvre à venir fermente dans la solitude. Dans cette démarche, il va saisir aussi l’artiste au travail chez les artisans : Joan Miró à l’imprimerie Arte dans le 14e arrondissement de Paris ou chez le fondeur Clémenti à Meudon, Eduardo Chillida dans l’atelier de gravure de la Fondation Maeght ou dans un chantier naval à San Sebastián. Avec Raoul Ubac et Pol Bury, la coopération entre le photographe-cinéaste et l’artiste qu’il accompagne devient complicité et, in fine, co-création. Le Tracé sur la plage de Raoul Ubac, qui va bientôt être effacé par les vagues comme la Grande stèle noire, à laquelle il met le feu, sont des réalisations fugitives fixées par la « camera obscura » de Clovis Prévost. Avant même l’engouement pour les artistes vidéastes, Bury et Ubac en collaboration avec Clovis Prévost ont créé, dès les années 70, des œuvres qui n’existent qu’en vidéo. La Galerie Maeght propose également des photos du tournage du film co-signé avec Pol Bury « 8 500 tonnes de fer ». Le cinéma passionne Pol Bury, grand maître du mouvement. Avec Clovis Prévost, qui se définit avant tout comme cinéaste, une complicité créative se met en place et prend forme au travers de ce film et des étonnantes photographies qui y sont associées. C’est dans cet esprit passionné et attentif que Clovis Prévost photographie André Malraux au cours de la réalisation du film « Les métamorphoses du regard » produit par Maeght ou bien lors du montage de l’exposition le « Musée imaginaire d’André Malraux » à la Fondation Maeght en 1973. « Clovis Prévost aime les artistes, les respecte et les laisse voir dans toute leur grâce, leur force et leur créativité sans jamais les trahir. Par son travail talentueux et rempli d’une grande humanité, Clovis Prévost offre un témoignage précieux sur les grands artistes de notre temps. » souligne Isabelle Maeght, directrice de la Galerie Maeght.
D’art et d’architectures : la démarche créatrice de l’imaginaire Fasciné par l’architecture « hypnotique » de Gaudí qu’il découvre dès 1962 à l’âge de 22 ans, Clovis Prévost réalise des photos de l’extérieur et de l’intérieur des bâtiments ainsi que de la façade de la Sagrada Familia et des plafonds de la Casa Milà à Barcelone. « A cette époque, la Sagrada Familia était un courant d’air dans une ville noire nappée de poussière de poêle à bois et à charbon, ce qui a donné aux photos un velouté extraordinaire » précise Clovis Prévost. Son travail photographique sur l’architecte catalan a été plusieurs fois primé et le musée d’Orsay a fait récemment l’acquisition d’un portfolio. La découverte du Palais Idéal du Facteur Cheval à Hauterives dans la Drôme, étape sur la route de Barcelone, intrigue tout autant Clovis Prévost. Reflet de la création d’un monde extraordinaire, ce bâtiment soulève une interrogation sur la création, et montre que celle-ci n’appartient pas qu’aux professionnels de l’art. Postulat que Clovis Prévost, par sa capacité d’émerveillement et d’observation, s’attache à montrer dans son travail qu’il qualifie « d’œuvres sur œuvres ». L’œuvre photographique de Clovis Prévost, passionné d’art brut comme d’architecture, est marquée par ses rencontres avec les figures majeures de l’art du XXe et du XXIe siècle comme avec ceux de l’ombre, les autodidactes « bâtisseurs de l’imaginaire » : le Facteur Cheval, Monsieur G, Robert Garcet etc… qui ont une passion commune pour le geste créateur. A propos de Clovis Prévost Clovis Prévost, cinéaste, photographe et auteur est né à Paris en 1940. Après des études d’architecture à l’École des Beaux-Arts de Paris, il se tourne vers le cinéma et la photographie. Salvador Dalí est saisi par son travail photographique autour de La Sagrada Familia de Gaudí et lui ouvre toutes grandes les portes du monde de l’art, notamment en préfaçant l’ouvrage La vision artistique et religieuse de Gaudí, que Clovis Prévost signe avec Robert Descharnes. Cette même année 1969, Clovis Prévost réalise avec Joan Prats un « fotoscop » consacré à Alexandre Calder. Clovis Prévost réalise son premier film en 1969, consacré à Antoni Tàpies. Aimé Maeght lui confie alors la direction du département cinéma de la Galerie Maeght (Maeght Producteur). Entre 1969 et 1975, il réalise une vingtaine de courts et moyens métrages avec notamment Antoni Tàpies, Pol Bury, Eduardo Chillida, Joan Miró, André Malraux, Alexandre Calder. Les Métamorphoses du regard, 4 films consacrés au Musée imaginaire d’André Malraux, ont été édités par Maeght Editeur en coffret DVD. Toujours passionné d’art brut, Clovis Prévost collabore avec le Musée d’Art Moderne de Villeneuve d’Ascq (LaM) sur de nombreux projets multimédia (dont Genèse de la Collection de l’Aracine). En collaboration avec William Mc Lean, il publie dès 1970 l’ouvrage Iconographie populaire de l’érotisme, ainsi qu’un film sur les graffiti de Paris. Entre 1976 et 1981, il coréalise avec Claude L.Prévost, la série télévisée Les Bâtisseurs de l’imaginaire : Monsieur G., Chomo, Robert Tatin, Robert Garcet, Irial Vets, Picassiette, Fernand Châtelain. Ainsi qu’un court et un moyen métrage consacrés au Facteur Cheval Où le songe devient la réalité. Il a cosigné depuis de nombreux films et ouvrages tels Les Primitifs du XXe siècle (Jean-Louis Ferrier) ou Le Palais Idéal du Facteur Cheval (Claude L. Prévost et Jean-Pierre Jouve) et Les Bâtisseurs de l’Imaginaire (Claude L. Prévost). Il est l’auteur de Parcours à travers l’œuvre de Clovis Trouille aux éditions Actes Sud.
Depuis 1995, Clovis Prévost travaille avec Jules Maeght à la préservation et à la mise en valeur du fond multimédia de Maeght. Depuis 2004, Clovis Prévost a publié plusieurs ouvrages chez Maeght(textes et photographies) au sein de la collection Entretiens : Valerio Adami - (sinopia), Eduardo Arroyo - L’Agneau mystique, Pol Bury - Cinématique, Eduardo Chillida - L’arôme du chemin, Marco Del Re - L’homme à l’atelier ou la déraison de la guêpe, Gérard Fromanger - Dérives, Aki Kuroda - Cosmojungle-cosmoéponge et performance autour de Parade, André Malraux - Les Métamorphoses du regard, Miró parle, Jacques Monory - Miroirs, Raoul Ubac - Tracés sur la plage.
A propos de la Galerie Maeght C’est en 1936 que s’ouvre, à Cannes, la première Galerie Maeght puis, en 1946, à Paris. Les plus grands artistes internationaux y exposent, qu’ils soient français (Braque, Matisse ou Léger), espagnols (Miró, Tàpies ou Chillida), russes (Chagall ou Kandinsky), américains (Kelly ou Calder), suisse (Giacometti), mais aussi issus de toute l’Europe et de l’Asie (Van Velde, Ubac, Tal-Coat, Bazaine, Riopelle, Alechinsky, Rebeyrolle, Adami, Monory, Ting). Aujourd'hui, la Galerie Maeght est dirigée par Isabelle Maeght. Les expositions proposent de retrouver des œuvres, peintures, sculptures ou photographies d’artistes historiques à la notoriété internationale et de découvrir les œuvres de nouveaux talents tels Gérard Gasiorowski, Marco Del Re, Aki Kuroda, Manolo Valdes, Oh Sufan, Ernst Scheidegger.