Le Centre Pompidou consacre son très bel espace du 6ème étage du 14 mai au 22 septembre à l'artiste français Martial Raysse, né en 1936 et membre de l'équivalent français du Pop Art américain, le Nouveau Réalisme. Et il en est justement le représentant le plus pop, le plus coloré, le plus moderne, le plus lumineux.
L'exposition se passe sans un mot : pas de texte explicatif, pas de division de l'espace selon des thèmes ou une chronologie... Le visiteur se balade entre les œuvres, il les contemple, explore les installations sans que jamais son regard ne soit orienté vers une certaine perception. Et c'est très beau, très réussi.
Martial Raysse a commencé sa vie d'artiste par les Lettres et notamment la poésie. Il continuera longtemps à écrire, et c'est à un poème de 1992 que nous empruntons ce vers qui éclaire une partie de sa production : "Prends le métro Barbès et sors à Tombouctou." Ainsi, l'artiste invite à la fantaisie, aux vacances, à la joie, à l'évasion.
D'ailleurs, dès le début de l'exposition, il nous invite à sa Raysse Beach (1962-2007) : située dans un angle, sa "plage" est constituée de sable, d'un juke-box qui diffuse une petite musique d'ambiance et de peintures de jolies filles colorées et souriantes. On se croirait en vacances... Sur le sable, quelques objets, des jouets gonflables, vestiges de la société de consommation qu'il a vu naître dans les années 60. On sent un lien très fort entre l'art et la vie, l'éclairage et le vrai soleil, les baigneuses peintes et les jeunes filles croisées près de la mer.
Avant cette plage artistique, on retrouve les œuvres qui l'ont rendu célèbre : reprenant de célèbres portraits de femmes (comme l'odalisque d'Ingres) ou bien de simples visages, il les colore, leur ajoute une mouche en plastique, un néon ou bien un bouquet de fleurs. La femme y est sublimée mais aussi, paradoxalement, transformée en objet pop, icône de la modernité, du plastique, de l'électricité, du faux, du toc.
Chez lui, on se sent libre. Tout est si léger, si heureux ; les couleurs sont fluorescentes, lumineuses. Ses vidéos sont elles aussi joyeuses : on peut y voir des jeunes gens en maillot de bain en train de danser, se lançant un ballon de plage derrière des guirlandes de toutes les couleurs.
Bien sûr, dans les années 60, Martial Raysse habite sur la côte d'azur (avec Ben, Yves Klein, Arman...). On ressent le même aspect lumineux et décoratif que chez Matisse : il y a beaucoup de fleurs, de détails, de tons forts et contrastés... Raysse ajoute à cela des objets manufacturés qu'il trouve sur les plages.
La joie qui émane de ses œuvres est celle de l'après-guerre. Alain Jouffroy explique dans son livre sur l'artiste qu'il "s'est inventé une poétique personnelle des vacances et du bonheur, en repoussant systématiquement les vieux objets rouillés, tristes ou brisés, comme s'il fallait de toute urgence se libérer des hantises de la guerre et de la souffrance, - affirmant haut et fort son désir de s'accorder, pour lever toute malédiction, aux symboles de la société qui était en train de se mettre en place et qui prendrait bientôt le nom de "société de consommation"."
La suite de l'exposition montre des œuvres plus rares : on y découvre les œuvres plus récentes de l'artiste, post-années 80. Beaucoup de toiles, quelques sculptures, toujours beaucoup de couleurs (quoique beaucoup moins fluorescentes) et beaucoup de fantaisie. De très grandes toiles montrent des scènes avec beaucoup de personnages, parfois des dizaines, dans des situations étranges, incongrues, inspirées du quotidien et de scènes mythologiques. Un peu naïf, un peu archaïque, il montre la diversité des êtres humains, de leurs conditions, de leurs visages, de leurs activités.
Martial Raysse réserve beaucoup de surprises, il expérimente des installations avec des objets trouvés, des toutes petites sculptures, d'immenses toiles... Mais toujours du mouvement, toujours de la joie, toujours de la couleur ! On en ressort heureux.
Teaser de l'exposition Martial Raysse au Centre Pompidou :
Rétrospective Martial Raysse au Centre Pompidou,
Du 14 Mai au 22 Septembre 2014,
Lieu : Centre Pompidou
Horaires : 11h-21h | fermé le mardi
Tarifs : 13€ | 10€ tarif réduit
Crédit photo: Martial Raysse, Tableau métallique portrait à géométrie convexe, 1964, Centre Pompidou
photo Philippe Migeat Centre Pompidou © Adagp Paris 2014 / Martial Raysse, Raysse Beach, Centre Pompidou muse?e national d’art moderne, photo Philippe Migeat © Adagp Paris 2014 / D'une flèche mon cœur est percé 2008 Galerie Kamel Mennour, Collection particuliaire © Adagp Paris 2014
Dates et Horaires
Du 14 mai 2014 au 22 septembre 2014
Lieu
Centre Pompidou
centre pompidou
75004 Paris 4
Accès
Métro ligne 11 station "Rambuteau"
Tarifs
tarif réduit selon période : 9€ - 10€
tarif normal selon période : 11€ - 13€
Plus d'informations
Horaires : 11h-21h | fermé le mardi