Est-ce que la climatisation peut faciliter la propagation du coronavirus ? C'est la question à laquelle les chercheurs du Centre de contrôle et de prévention des maladies de Guangzhou tentaient de répondre fin avril 2020. Leur étude s'intéressait à un cas particulier, apparu dans un restaurant de Canton, en Chine, à la sortie duquel tous les clients se sont retrouvés malades du Covid-19, sans signes de contamination préalables. Des résultats corroborés début juillet par plusieurs chercheurs, précisant que la climatisation serait responsable, en partie tout du moins, de la recrudescence de cas aux États-Unis.
"Les États qui, en juin, utilisaient déjà beaucoup la climatisation en raison des températures élevées sont également les endroits où la propagation de COVID-19 a le plus augmenté" a également expliqué Edward Nardell, chercheur à l'université de Harvard en Santé publique. Et de poursuivre : "les températures chaudes de l'été peuvent créer des situations similaires à celles de l'hiver, lorsque les affections respiratoires ont tendance à augmenter, en poussant les gens à rester à l'intérieur généralement rafraîchi par la climatisation sans renouvellement de l’air". Des résultats également inscrits par l'OMS dans sa dernière déclaration publique, le 7 juillet 2020, expliquant que "l'épidémie s'accélérait".
Pour en revenir à l'étude chinoise, celle-ci nous apprenait fin avril que l'ensemble des personnes présentes dans l'établissement ont été infectées par une personne ne présentant alors aucun symptôme de la maladie. Concrètement, cette seule personne aurait non seulement contaminé les membres de sa famille présents ce jour, mais surtout les autres personnes des tables avoisinantes. Si le premier constat semble logique, on ne peut que s'interroger sur la nature de la contamination d’autres personnes, pourtant installées à distance de la personne porteuse du virus.
D'après les scientifiques chinois, le système d'aération du restaurant serait à l'origine du phénomène. La climatisation, dont "la direction du flux d'air" apparaît aux yeux des chercheurs comme "le facteur clé de l'infection". Un constat qui vient renforcer le scénario d'une transmission du virus par aérosols. Il semble ainsi clair à la lumière de ce rapport que ces particules ultra fines que l'on émet simplement en parlant, ou en respirant, soient à l'origine d'une telle situation.
Comme on peut l'observer sur le croquis explicatif de l'étude, l'air soufflé par le cas contaminé assis à la table A s'est infiltré dans le système d'air conditionné, pour ensuite se propager dans l'ensemble de la pièce. Ainsi, on comprend que l'orientation de la climatisation a favorisé la transmission de ces micro-particules vers les personnes.
Par ailleurs, les chercheurs précisent que ce n'est pas la ventilation en elle-même qui favoriserait la propagation du Covid-19, mais bien sa mauvaise utilisation. Leurs conclusions sont limpides : quand une ventilation traite de l'air venu de l'extérieur, pour ensuite le diffuser à l'intérieur, elle devient un excellent moyen de recycler l'air contaminé à l'intérieur. On y apprend que l'air venu de l'extérieur permettrait de diluer les aérosols chargés de virus, à condition de ne pas faire "recirculer l'air" vers des zones non contaminées. Dans le cas du restaurant, c'est justement cette mauvaise utilisation "en interne" qui est à l'origine de la contamination en chaîne.
De la même manière qu'une climatisation de voiture protégeant de la pollution extérieure, la question de l'utilisation de la climatisation pour combattre le coronavirus reste intimement liée aux recherches sur la capacité du virus à rester dans l'air, toujours non concluantes aujourd'hui. Pour le moment, aucune certitude n'existe sur sa durée de vie et sur son caractère infectieux. Dans tous les cas, si vous êtes équipé de ventilation, on vous conseille de toujours créer un flux vers l'extérieur. Ou d'ouvrir les fenêtres régulièrement pour aérer manuellement.