Alors que le port du masque n’était pas recommandé au début de l’épidémie de Coronavirus dans le pays, il s’affiche désormais presque partout. Le 20 juillet dernier, le masque de protection est ainsi devenu obligatoire dans les lieux publics clos en France. Puis, très rapidement, certaines maires et préfets ont également décidé de le rendre obligatoire dans les lieux publics ouverts comme dans certaines rues très fréquentées à Paris mais aussi dans certaines zones en île-de-France ou bien sur les marchés découverts de plusieurs villes de France.
Le 11 août 2020, le Premier ministre est allé encore plus loin. Jean Castex compte en effet demander aux préfets de se rapprocher des élus locaux afin d’étendre « le plus possible » l’obligation du port du masque dans les espaces publics. Il faut dire que la situation épidémiologique n’évolue pas dans le bon sens avec « 2 000 cas par jour contre environ un millier il y a trois semaines », a-t-il fait savoir. « Si nous ne réagissons pas collectivement, nous nous exposons, à un risque élevé de reprise épidémique qui sera difficile à contrôler. Elle mettra à nouveau sous tension l’ensemble de la chaîne de santé, de la médecine de ville aux services hospitaliers. Elle mettra aussi sous tension notre économie, notre système éducatif, notre vie collective et culturelle » a rajouté le Premier ministre.
Et depuis plusieurs semaines, le gouvernement avait annoncé étudier également une nouvelle piste; celle de « généraliser au maximum le port du masque sur le lieu de travail » alors que la rentrée 2020 approche à grands pas.
Le 13 août, sur Europe 1, le secrétaire d'Etat aux retraites et à la santé au travail a confirmé que la piste était bien à l'étude. "La question de la généralisation du masque en entreprise face à l' épidémie de Covid-19 est posée" a-t-il fait savoir avant d'ajouter "Je suis favorable à faire évoluer le protocole au regard des risques sanitaires". "Lorsqu'on est plusieurs dans un lieu clos, il est prudent de porter le masque. Je crois que ces notions-là sont claires [et qu']elles sont partagées" a précisé Laurent Pietraszewski.
Des consultations avec le patronat et les syndicats
Le chef du gouvernement a toutefois indiqué que cette question devrait être discutée avec tous les partenaires sociaux. Ainsi, une première "réunion de consultation" était prévue ce vendredi 14 août entre les dirigeants syndicaux et patronaux ainsi que les représentants du ministère du Travail. L'occasion de mettre à jour le protocole de déconfinement, et de discuter du port du masque dans les entreprises.
Par ailleurs, une autre réunion s'est tenue le mardi 18 août, toujours entre le patronat et les syndicats, à laquelle étaient présents la ministre du Travail Elisabeth Borne, le ministre de la Santé Olivier Véran et le secrétaire d'Etat aux retraites, Laurent Pietraszewski. Cette fois-ci, la réunion fut l'occasion de "recueillir" les "observations des dirigeants relatives au contexte sanitaire dans les entreprises et d'entendre leurs propositions sur les adaptations à porter au protocole dans les entreprises".
C'est désormais acté : le port du masque de protection sera obligatoire dans les entreprises, à priori à compter du 1er septembre prochain, afin de limiter la propagation du Coronavirus, dans les espaces de circulation et de passage, dans les salles de réunion, et même dans les open spaces. Seuls les bureaux individuels seront dispensés de cette obligation, lorsqu'une seule personne est présente.
C'est le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, qui en a fait l'annonce, ce matin sur BFMTV, à l'issue d'une réunion en visioconférence entre Elisabeth Borne, la Ministre du Travail et les partenaires sociaux : "Le gouvernement estime nécessaire que l'on porte le masque quand on n'est pas seul dans l'entreprise. C'est à l'entreprise de prendre en charge le coût des masques, a précisé la ministre du Travail."
De plus en plus de spécialistes pour le port du masque en entreprise
Certains infectiologues et spécialistes n’ont pas caché que cette mesure serait une bonne chose pour éviter de nouvelles contaminations. Ainsi, à l'AFP, Martin Blachier, médecin de santé publique et co-dirigeant de la société de conseil Public Health Expertise, a confié que le "protocole actuel en entreprise est désuet", avant d'ajouter "il doit absolument être renouvelé : il se base sur la distanciation physique, ça n’a plus vraiment de sens".
De son côté, Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière a expliqué, sur Franceinfo le 13 août, que "50 % des clusters sont dans des entreprises, médicales ou non médicales. Les hôpitaux, c’est environ 10 % des clusters, les établissements médico-sociaux, les Ehpad, c’est 20 % et les entreprises privées 20 %. Rendons le masque obligatoire dans tous les lieux clos, dont les entreprises privées !".
Enfin, Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes, est lui aussi en faveur du port du masque dans toutes les entreprises. "C'est protéger le salarié. C'est protéger l'entreprise. C'est protéger l'autre" insiste-t-il sur LCI le 12 août, avant d'évoquer la possibilité de "sanctions financières" pour les entreprises qui ne joueraient pas le jeu et où apparaîtraient de nouveaux foyers.
On rappelle que certains secteurs professionnels imposent déjà le port du masque à leurs salariés comme ceux de la restauration, des transports ou encore de l’industrie agro-alimentaire.