Un déconfinement qui ne passe toujours pas auprès des médecins et chercheurs et qui pourrait engendrer une flambée de l'épidémie de Covid... 23 médecins et chercheurs - Mahmoud Zureik, professeur d'épidémiologie et de santé publique en tête - ont ainsi remis en cause le plan de déconfinement à venir, avec la phase du 19 mai autorisant la réouverture de certains lieux de vie, dans une tribune publiée ce dimanche 9 mai 2021 dans le JDD, indiquant que la levée progressive des restrictions était "davantage guidée par des desseins politiques que par un objectif sanitaire".
Et de poursuivre en expliquant que "d'après l'Institut Pasteur, seul un scénario optimiste permettrait d'éviter un rebond épidémique durant l'été". Ce que reprochent surtout les médecins et chercheurs signataires de cette tribune, c'est que le chef de l'état prenne le problème à l'envers, en choisissant la voix du frein à l'épidémie plutôt que l'anticipation de son évolution avec des mesures en amont : "Plutôt que de formuler un objectif à atteindre, comme le seuil des 5 000 nouveaux cas par jour (...) les annonces présidentielles officialisent un 'frein d'urgence' ou 'de reconfinement' fixé à 400 nouveaux cas pour 100 000 habitants, contre 250 auparavant, et associé à des critères aussi flous que 'l'augmentation brutale du taux d'incidence' ou la 'menace de saturation des services'", précisent-ils.
Et de continuer : "Nous assistons à l'officialisation du passage d'une gestion active à une gestion passive de l'épidémie. Il s'agit là d'un pari audacieux, avec un seuil particulièrement élevé et ne répondant pas à des objectifs de contrôle". Et d'appeler au plus vite à "la mise en place d'un nouveau protocole national, qui fixe des seuils précis, déclenchant des mesures automatiques, décidées et débattues à l'avance". Un nouveau protocole qui "doit s'accompagner d'une communication ambitieuse, qui informe en profondeur la population sur le fait que les contaminations se produisent, pour l'essentiel, dans l'air que nous respirons".
Pour rappel, plusieurs épidémiologistes et médecins, tout autant pessimistes sur le calendrier, appelaient déjà il y a plusieurs semaines le gouvernement à la prudence, à l'image de Catherine Hill, Dominique Costagliola, Karine Lacombe ou encore le professeur Jean-François Timsit.