Le variant Delta, une souche du Covid à la transmission bien plus rapide... Voilà ce qu'a conclu le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies dans une étude publiée en pre-print sur MedXRiv le 12 juillet dernier, expliquant que grâce au traçage et à l'isolement des cas contacts, les scientifiques se sont aperçus que ce variant aurait un temps d'incubation bien inférieur, de quatre jours (contre six pour la souche classique), le rendant plus rapidement transmissible.
En quoi a consisté cette étude ? Au suivi de 167 personnes contaminées en cascade, à partir d'une patiente zéro infectée en Chine le 21 mai dernier. Chaque jour, des tests PCR étaient réalisés sur les cas contacts mis à l'isolement et les résultats des observations sont limpides : une contamination plus rapide, de quatre jours, contre six pour la souche classique du Covid. Les scientifiques ont également indiqué que la charge virale était, d'après leurs observations, 1260 fois supérieure à la charge virale du coronavirus classique.
"On est probablement plus contagieux et plus précocement parce que le virus se multiplie plus vite et la quantité de virus dans le nez est beaucoup plus élevée", explique ainsi Sandrine Sarrazin, chercheuse à l'INSERM au centre d’immunologie de Marseille-Luminy, à nos confrères du Parisien. Et de poursuivre : "D’où l’importance de limiter la transmission pour éviter l’émergence de variants qui pourraient devenir embêtants".
Déjà, le 8 mai dernier, l'OMS alertait sur la contagiosité accrue du variant Delta à travers sa scientifique en chef, Soumya Swaminathan, indiquant que cette souche du virus "présente des mutations qui augmentent les transmissions, et qui peuvent aussi potentiellement le rendre résistant aux anticorps qui se sont développés grâce à la vaccination ou à une contamination naturelle".
Un variant que l'OMS a classé parmi les souches les plus dangereuses du virus, en raison, comme nous l'expliquaient nos confrères de Ouest France, "de sa plus grande contagiosité", mais également en raison de sa capacité "à surmonter les défenses que procure la vaccination et le taux de mortalité des patients atteints", selon la scientifique. Et de préciser que la vaccination seule ne suffira pas en Inde, "car l’épidémie concerne des milliers de personnes et il se multiplie à une vitesse qu’il est très difficile d’enrayer". "Cela va prendre des mois, si ce n’est des années, pour atteindre un taux de 70 à 80 %" de population immunisée en Inde, poursuit Soumya Swaminathan.
Une explosion des cas de contaminations dans le pays qui ne peut pas uniquement être imputée au variant Delta, celui-ci semblant avoir, selon la scientifique en chef de l'OMS, "baissé la garde trop tôt", autorisant bien avant de contrôler l'épidémie sur son territoire les "grands rassemblements de masse". Et de continuer : "Ces premiers signes ont été manqués jusqu’à ce les transmissions aient atteint un point où le décollage a été vertical".
Pour contrôler l'épidémie, une seule solution : instaurer des mesures sanitaires déjà éprouvées, comme le confinement ou le couvre-feu, ce que se refusait de faire l'Inde à ce moment-là. "Plus le virus se réplique, se diffuse et se transmet, plus le risque de mutations et d’adaptation" augmente, alertait également Soumya Swaminathan. Et de poursuivre : "Les variants qui accumulent un grand nombre de mutations peuvent finalement devenir résistants aux vaccins dont nous disposons actuellement". Elle concluait : "Ce sera un problème pour le monde entier".