Maurice Utrillo (1881-1953) - La période blanche chez M.A.K. Galerie

1912 - La Rue du Mont-Cenis

C’est la vitrine du mois de décembre sur l’Avenue Matignon, en face de Sotheby’s.

C’est une carte postale grand format de Montmartre. Si elle est blanche, ce n’est pas parce que Maurice Utrillo l’a représentée enneigée mais parce qu’il y a introduit des effets de matière selon une technique toute personnelle. Il enrichit ses couleurs de ciment, de craie, de plâtre… ; il « maçonne » littéralement les murs qu’il représente.

Le tableau, qui a connu un parcours extraordinaire, est reproduit dans les différents catalogues raisonnés de l’Œuvre de l’artiste. Louis Libaude, que l’on peut considérer être son premier marchand, l’a jalousement gardé pour lui. Lorsque le tableau ressort sur le marché, à l’occasion de la vente de la collection Libaude, les enchères s’envolent et les frères Bernheim emportent la mise. En 1932, il est revendu. La Gazette Drouot n’en revient pas : au milieu des Chagall, Derain, Marquet, Matisse, Modigliani, Picasso… « c’est une toile d’Utrillo (n° 80), La Rue du Mont Cenis à Montmartre, qui a fait le plus gros prix ». En 1956, les Anglais ne se laissent plus faire. Le tableau part à la Marlborough Gallery à Londres.

Pour comprendre c’est enthousiasme, revenons à l’année 1912. Octave Mirbeau, poussé par Francis Jourdain, entre chez Louis Libaude au n° 7 de l’avenue Trudaine. Confronté à un choc esthétique, il devient le premier collectionneur assidu des œuvres de la Période blanche de Maurice Utrillo :

« Tout ce Montmartre me devient, par votre peintre [Utrillo], d’une originalité infinie. Personne, oui, personne n’a peint comme lui la rue, les petites boutiques, les hôtels humbles, les arbres grêles Et ces ciels – ajouta Mirbeau, en venant les toucher de la main, maternellement, – sont-ils vastes, doux, profonds, cléments et consolants ! […] Nom d’un chien ! mon cher Francis, vous avez mis la main sur l’oiseau rare ! » (cité d’après Gustave Coquiot, Maurice Utrillo V., Paris, 1925, p. 57-59)

 

Une exposition Utrillo chez M.A.K. Galerie, décembre 2024-janvier 2025 

Cette œuvre-phare de 1912 s’accompagne d’autres peintures et dessins de l’artiste. L’exposition présente évidemment la Période blanche qui est aussi le temps de sa découverte par Octave Mirbeau ; des vues du Lapin Agile et le réseau de relations tissé autour du fameux cabaret où le Tout-Paris artiste venait se retrouver alors ; la décennie 1923-1933 marquant le début de la Période colorée et d’une carrière à l’international.

Dans la géographie artistique de Maurice Utrillo, Marc-Arthur Kohn Galerie occupe une place de choix à plusieurs titres. Premièrement, son directeur d’honneur est membre du Comité Utrillo-Valadon. Sa mère Angela Kohn-Bonaglia était marchande de tableaux modernes spécialisée dans l’École de Paris. Elle fut l’un des acteurs principaux dans le commerce des œuvres de Maurice Utrillo.

Deuxièmement, son emplacement 24 avenue Matignon. La galerie est située entre les anciennes galeries Paul Guillaume (6 rue de Miromesnil : rue parallèle) et Paul Pétridès (31 avenue Matignon : trottoir d’en face), non loin de Bernheim-Jeune frères (25 boulevard de la Madeleine). Le Comité Utrillo-Valadon tient naturellement ses réunions d’expertise des œuvres de Maurice Utrillo et de Suzanne Valadon chez Marc-Arthur Kohn Galerie.