Rejeton tardif d’un romantisme noir contemporain de l’essor de la civilisation industrielle, il en est comme la mauvaise conscience et l’ombre portée ; le mythe de l’immortel buveur de sang, en ébranlant les certitudes optimistes de la croyance au progrès, donne corps aux vertiges d’une société qui n’en finit plus d’interroger sa hantise d’échapper à soi.
Jarzyna a mis en scène Théorème, d’après Pasolini, et sa conception du vampire en porte la marque : il est l’Étranger par excellence, un messager venu d’un tout autre monde hors des prises de la rationalité, que Jarzyna excelle à suggérer en scène. Mais si l’hôte de Théorème est sans doute l’ambassadeur d’un dieu caché, le vampire n’annonce au contraire rien d’autre que lui-même. Aussi le Nosferatu de Jarzyna est-il peut-être moins le spectre surgi d’un vieux fonds légendaire qu’une figure qu’il nous reste encore à affronter – le grand perturbateur qui doit nous confronter à nos angoisses inavouées.
S’il vient, c’est d’abord parce qu’il est invoqué ; loin de porter une réponse, il nous parvient comme le mystérieux écho d’appels informulables qui contribuent à susciter son existence. Ce vampire pareil aux créatures des rêves est lui aussi voué à une quête, a soif d’une âme plus que de sang : c’est dans l’attente d’un amour véritable qu’il répond chez certaines victimes à un désir obscur de se livrer entièrement afin d’atteindre, de l’autre côté d’un monde crépusculaire, un état où vie et mort ne s’opposeraient plus.
à lire Dracula de Bram Stoker, traduit par Lucienne Molitor, J’ai lu, 1993.
Dates et Horaires
Du 16 novembre 2012 au 23 novembre 2012
Lieu
Odéon - Ateliers Berthier
1 Rue André Suares
75017 Paris 17
Accès
Métro Place de Clichy
Tarifs
30€