Les Jeux Olympiques de Paris 2024 approchent, et avec eux, la préparation des athlètes olympiques s'intensifie de mois en mois, pour être prêts à récupérer le maximum de médailles du 26 juillet au 11 août 2024. Nous avons choisi de rencontrer une dizaine de sportifs français, déjà qualifiés ou qui tenteront de décrocher leur qualification durant les derniers mois avant la compétition, pour vous faire découvrir leur passion et leur univers ! Une occasion d'en savoir plus sur certaines disciplines moins connues du grand public ou ajoutées récemment au programme olympique, et de soutenir les athlètes qui vous auront touché !
Pour la sixième interview de cette série, nous sommes partis à la rencontre de Mejdi Schalck, considéré comme le jeune prodige de sa discipline. Grimpeur professionnel de 19 ans et vainqueur de plusieurs Coupes du monde, il a évoqué son sport, l'escalade, ses espoirs et ses attentes pour les Jeux de Paris 2024, au micro de Sortir à Paris. On en a profité pour rencontrer Oriane Bertone, 19 ans également, déjà qualifiée et lui poser quelques questions !
JO de Paris 2024 : tout savoir sur l'escalade sportive, son histoire, ses règles, ses records
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C'est simple, le but est d'arriver en haut d'un mur, qui peut aller de 5 à 20 mètres en salle ! C'est de la grimpe, un sport où il faut être très à l'instinct et se laisser aller. C'est un sport individuel, mais il y a beaucoup de partage et de collectif aussi !
En escalade, il y a trois disciplines : le bloc, la difficulté et la vitesse. Aux Jeux Olympiques, il y aura un combiné avec le bloc et la difficulté, la vitesse est à part. Pour cette dernière, le but, c'est d'aller tout en haut d'un mur de 15 mètres avec une voie qui est toujours la même, le plus vite possible, sous forme de duel en général.
Ensuite, le bloc, ça va être sur des murs de 4 à 5 mètres et il faut aller en haut de différents parcours, quatre à cinq, dans un temps limité et d'essayer de tous les réussir. Et la difficulté, c'est un mur de 20 mètres, encordé, avec une voie en général, et le but, c'est toujours d'arriver en haut !
Ça a commencé en août 2023, avec les premiers tickets sur les Championnats du monde à Berne, 3 places en filles et 3 places en garçons, donc c'était assez restreint. Il y avait un tournoi continental donc où ils prenaient le vainqueur de chaque continent, actuellement il y a 8 qualifiés dans le monde. Et il va rester des tournois de qualification mondiaux en mai et en juin donc très peu de temps avant les JO, avec 12 places possibles pour un total de 20 en tout.
Mejdi - J'ai pas envie de me mettre de pression, moi j'aime grimper, j'aime la compétition, donc ça m'excite d'autant plus de savoir qu'il y a les JO à la maison et je le vois plus comme un boost qu'une pression !
Mejdi - Ça va être au Bourget ! Personnellement, je suis né et j'ai grandi à Montreuil jusqu'à 13 ans donc c'est dans le 93, c'est à côté, pour moi ça a une valeur assez spéciale et ça va vraiment incroyable de faire une compet' là-bas, j'ai super hâte !
Beaucoup de choses, on voyait déjà depuis une dizaine d'années que le sport était vraiment en train de se développer et évoluer très rapidement. Il y avait des salles qui ouvraient partout, de plus en plus de grimpeurs, et le fait que ça soit olympique, ça a rajouté un énorme coup de boost à tout ça et le sport a explosé, c'est une super chose. Pour vivre de notre sport déjà en tant qu'athlète, on est beaucoup plus et c'est top !
La réponse est facile pour ceux qui connaissent un peu l'escalade, c'est les Japonais ! Depuis une dizaine d'années, ils dominent le circuit mondial, là surtout depuis l'année dernière, on les a un peu fait trembler, mais dans leur culture, l'escalade c'est un des sports les plus pratiqués là-bas, il y a beaucoup de grimpeurs et ils sont très très forts ! Je sais pas, ils ont des gènes, ils collent aux prises, c'est hallucinant !
Mejdi - C'est une compet' comme une autre donc je me prépare pareil, mais forcément, au niveau mental, tu l'abordes différemment et faut bien se préparer à tout l'engouement qu'il va y avoir, qu'on va ressentir d'autant plus, par rapport à une autre olympiade.
Oriane - Pas grand-chose, dans le sens où la préparation se fait à la maison dans tous les cas, c'est la routine ! Après, dans l'enjeu, c'est forcément différent évidemment.
Mejdi - Depuis tout petit, je grimpais un peu partout, dans les arbres, sur les meubles chez moi, c'était un truc instinctif que j'avais en moi. J'avais un parc à côté de chez moi où je grimpais tout le temps et ma mère avait un peu peur et elle a trouvé un club d'escalade qui était autorisé à partir de 8 ans.
J'avais 5 ans, j'ai fait un peu une crise et ils m'ont laissé grimper, ils ont vu que je me débrouillais très bien et ils ont dit, "allez, on le prend" ! C'est là que ça a commencé et depuis mes 10 ans surtout, je me suis mis à beaucoup grimper, j'ai découvert qu'il y avait des salles un peu partout à côté de chez moi. En fait, une fois que j'ai commencé, je me suis jamais vu arrêter !
Oriane - Alors j'ai commencé quand j'avais 8 ans, donc ça fait 10 ans, ouh là déjà ! (rires) Je suis tombée tout de suite amoureuse de ce sport, j'en faisais beaucoup en simultané, de la lutte, de l'équitation, de la natation, et puis j'ai découvert l'escalade et j'ai tout arrêté pour faire ça, et maintenant, c'est ma vie !
Mejdi - C'est ma passion principale et ça fait partir à 99,9%, ouais plutôt à 200% en fait de ma vie ! Ce sport m'a fait énormément grandir et il y a une grande notion de partage dans la grimpe, d'échanger, de rencontrer des personnes du monde entier, c'est vraiment fou de vivre ça et je suis trop content.
Oriane - Vraiment, c'est ma vie, parce que je vis de ça, c'est ce qui fait de moi qui je suis actuellement, c'est comme ça que je m'exprime, finalement, je vis par ça ! Après, c'est aussi l'investissement, le travail, parce que c'est la preuve qu'on a pas tout comme ça en claquant des doigts, il faut bosser, espérer, en vouloir pour faire des choses. Même si sur les réseaux sociaux, ça s'est beaucoup développé l'escalade, c'est pas aussi facile que ce qu'on pense, il y a beaucoup de boulot derrière !
Mejdi - J'ai toujours été fan des meilleurs grimpeurs, j'ai toujours regardé des vidéos d'escalade avec Adam Ondra et les meilleurs sportifs français, comme Mickael Mawem et Manuel Cornu, et maintenant, je suis en équipe de France avec eux, c'est un rêve !
Oriane - Je suis réunionnaise, j'ai grandi dans le sport et quand j'ai commencé à en faire, j'ai toujours été un peu à l'écart de ce qu'on pouvait voir à la télé, aux Jeux. L'escalade, c'est un sport qui est très nouveau aux JO, on n'avait pas cette culture de regarder comme ça avec nos sportifs préférés qui passent ! Donc j'ai pas grandi en me disant devant quelqu'un "un jour, je veux être comme lui", mais plutôt en me disant que je voulais devenir meilleure et faire partie de ceux qui inspirent les autres.
Mejdi - Je dirais que c'est mon style ! Il est assez new school et freestyle, je suis très aérien et dynamique dans ma grimpe, j'excelle dans ce style et c'est ça souvent qui me fait gagner et chercher des médailles !
Oriane - Je pense qu'on est toutes de plus en plus investies dans notre pratique, donc ça va être des petits détails honnêtement. Après la chose qui me permet de dire "ok, si je suis là, c'est grâce à ça", c'est le plaisir que je prends à faire de l'escalade et je m'éclate, et même si c'est jamais facile et que je suis en souffrance, à dépasser ma zone de confort, c'est quand même un kiff de se réveiller et de me dire que c'est mon boulot, je vais faire de l'escalade !
Mejdi - Ce côté extrême, c'était surtout il y a 20-25 ans, je dirais, au tout début, dans les années 90 même ! Le moment où j'ai commencé l'escalade, c'était déjà un sport familial pour moi, mais c'était juste pas très démocratisé. Le fait qu'il y ait plein de salles qui ouvrent, ça a juste augmenté cet effet.
Oriane - C'est un sport qui est montant, quand tu regardes il y a 10 ans, la quantité de salles d'escalade même à Paris était divisée par 10, même 15 ! C'est devenu populaire. À la Réunion, quand j'ai commencé, on n'avait pas de salle, je grimpais toute seule dans les ravines, donc certains jours quand j'arrivais, le bloc n'était plus là parce qu'il y avait eu des pluies, et là, c'était du sport extrême ! Tu avais des "crashpad", des tapis, mais si tu tombais, genre sur la cheville, fini !
C'est tellement plus contrôlé, s'il y a une brosse sur le tapis, on se fait disputer parce que si on tombe dessus, on peut se faire mal. C'est devenu un sport beaucoup plus facile à pratiquer, tu as juste à louer ou acheter une paire de chaussons, de la magnésie liquide, tu ramènes tes potes et ça coûte 10 euros, c'est fun !
Mejdi - Je dirais la salle Arkose à Montreuil, c'était justement à mes 10 ans, j'ai découvert qu'il y avait une salle vraiment à 10 minutes de chez moi à vélo, j'y suis allé un soir pour tester et j'ai directement pris l'abonnement à l'année, et à partir de là, j'y suis allé tous les soirs pendant trois ans, et c'était vraiment mon repaire après les cours ! C'est là que la grimpe a pris une énorme place dans ma vie et où tout a commencé pour moi, donc c'est important à mes yeux.
Oriane - Pas qui a marqué ma vie, dans le sens où elle a été marquée par des accomplissements et des médailles, c'est pas un endroit, c'est ce que j'y vis. Après en Île-de-France, un endroit où je m'entraîne tout le temps, c'est chez Arkose, je ne grimpe que là. Moi, j'habite à Massy, donc je passe ma vie à Arkose là-bas, en plus, la bouffe est vraiment bonne ! (rires)
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Mejdi - Évidemment, il y a les salles Arkose qui sont super, mais en extérieur, il y a aussi Fontainebleau où j'aime beaucoup aller, quand la météo le permet, c'est vraiment cool ! Ça permet de prendre l'air et ça fait du bien.
Oriane - On connaît tous Fontainebleau, parce que c'est presque le seul endroit dans la région où tu peux grimper, et puis c'est la forêt, c'est magique ! Moi qui viens de la Réunion, c'est un spot dont je rêvais quand j'étais petite ! J'y allais un mois, une fois par an, et quand je rentrais, j'étais triste, je voulais y retourner ! Finalement, c'est ça l'endroit qui a marqué ma vie parce que j'ai grandi dans cette forêt et que c'est un pur bonheur d'y aller, maintenant que j'habite à côté !
Mejdi - Hésitez pas, venez, grimpez, idéalement entre potes parce que c'est toujours plus cool, il y a des salles un peu partout dans Paris, donc perdez pas de temps et venez grimper !
Oriane - Pratiquez beaucoup pour vraiment progresser et commencer à se mettre dans l'escalade, pour un jeune, c'est bien ! C'est très populaire l'escalade, il y a beaucoup d'avis variés sur l'entraînement et le progrès, mais il y a un truc qui est sûr à 100%, c'est qu'il faut beaucoup grimper. Les toutes premières années, à partir du moment où tu penses que tu peux toujours progresser en grimpant, il faut y aller et pas écouter ceux qui parlent de muscu, simplement grimper !
Mejdi - Quand j'étais petit, vers 14 ans, j'ai commencé à faire des résultats en compétition, un jour à l'entraînement, j'avais un coup de mou et mon coach m'a dit "allez mec, t'es un tueur !". Et je sais pas, ça a déclenché quelque chose en moi, il me l'a répété, et maintenant, c'est ma phrase que je me dis tout le temps.
Oriane - Quelque chose qu'on m'a beaucoup répété quand j'étais petite, par mon père, c'est "le travail paie !", parce que l'investissement que tu mets en place maintenant, c'est pour plus tard ! Et à chaque fois que c'est dur et que je me dis que j'en peux plus, je me dis ça, et ça va mieux.
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