Edouard Philippe s'est exprimé le 28 mai pour dévoiler la phase 2 du plan de déconfinement. Lors de cette prise de parole, le Premier ministre a confirmé la réouverture des parcs et jardins sur l'ensemble du territoire et donc à Paris et en Île-de-France dès ce week-end.
La ville de Paris et la région Île-de-France se préparent depuis trois semaines à la réouverture des parcs et des espaces verts. Pénélope Komitès adjointe à la Maire chargée des espaces verts, explique que « depuis trois semaines nous avons procédé au nettoyage des jardins avec un passage régulier pour vider les poubelles poser des raticides... Nous avons également nettoyé les sanitaires. Tout est fin prêt pour rendre les espaces verts aux habitants.»
La bonne nouvelle, c'est que le nombre de personnes admises dans les parcs ne sera pas limité. De même, l'idée de "parc dynamique" a été rejetée : il est tout à fait possible de s'asseoir, de s'allonger...
Le protocole mis en place par la Ville de Paris dans les parcs et jardins de la capitale
Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie de Paris, a précisé que 196 parcs rouvriront à partir de ce samedi 30 mai 2020 dans Paris, dont les neuf grands parcs (Montsouris, Monceau, Buttes-Chaumont...). La totalité des 547 autres parcs accueillera à nouveau du public dès le 1er juin.
Un long désaccord entre Anne Hidalgo et le gouvernement
On rappelle que la réouverture des parcs et jardins à Paris avait provoqué de nombreux échanges entre la maire de la capitale et le gouvernement. Dans les colonnes du JDD, le 10 mai, Anne Hidalgo avait indiqué : "je poursuis les discussions afin d'obtenir une dérogation adaptée pour Paris", avant de dévoiler les pistes étudiées. "Nous pouvons prendre des mesures pour éviter les pique-niques, les regroupements sur les pelouses ou l'accès aux aires de jeu. Nous pouvons aussi mettre en place un système avec des jauges maximales pour limiter le nombre des promeneurs. Le port du masque y serait obligatoire", avait détaillé l'élue socialiste.
Le 12 mai, sur Twitter, la maire de Paris avait renouvelé sa demande "d'ouvrir à la promenade les parcs et les jardins avec port du masque obligatoire". Quelques heures plus tard, le ministre de la Santé, Olivier Véran, lui avait répondu, alors qu'il visitait un Ehpad dans le Val-de-Marne. « Non, nous n'ouvrirons pas les parcs et jardins à Paris, en Île-de-France ainsi que dans les autres régions classées rouges ».
Le 19 mai, Anne Hidalgo avait fait savoir, via Twitter, qu'elle avait à nouveau proposé la réouverture des parcs et jardins parisiens. Mais dans un courrier adressé à Anne Hildago, que l'AFP a pu consulter le 22 mai, le premier ministre Edouard Philippe persistait et signait : "L'Île-de-France étant, dans son ensemble, classée dans cette catégorie (en zone rouge ndlr), il n'est pas envisageable, à ce stade, d'y autoriser l'ouverture des parcs et jardins."
Toujours selon le premier ministre, trois conditions pourraient changer la donne : "une évolution favorable de la situation sanitaire ", la mise en place d'un "cahier des charges précis ", et enfin une application "homogène " des règles du déconfinement à toute l'Île-de-France; invitant ainsi Anne Hildago et les maires parisiens à engager une "concertation" avec les préfectures de police et de la région.
Finalement, après près de trois semaines de débat, les parcs et jardins de Paris pourront donc enfin rouvrir dès ce week-end.
L'association Respire a déposé un référé-liberté
Afin d'obtenir la réouverture des parcs et jardins en zone rouge, l'association Respire avait déposé un référé-liberté devant le Conseil d'Etat. Elle avait mandaté Pierre-Eugène Burghardt, avocat au Barreau de Paris pour la représenter dans cette procédure.
L’actuelle interdiction d’accès aux parcs, jardins et autres espaces verts en zone rouge « est totalement contre-productive, et chacun peut le constater » avait confié Olivier Blond, directeur de Respire. « Parce qu’ils n’ont pas accès aux espaces publics, les gens s’agglutinent comme ils peuvent sur les trottoirs ou les bas cotés. Ils ne respectent pas les distances de sécurité et s’exposent à un risque accru de transmission du Covid-19. La situation est absurde » avait-il rajouté.
Alors que les bois de Boulogne et de Vincennes, ainsi que le parc de la Courneuve sont accessibles, l’association estimait que le gouvernement pourrait réglementer l’accès aux parcs et jardins publics en prévoyant par exemple des plages horaires selon les catégories de personnes ou en interdisant certaines pratiques ou activités telles que le pique-nique.
Comme le rappelait Respire, l’interdiction posait une question de santé mentale, mais aussi une question de santé respiratoire. « Il existe une véritable urgence sanitaire à ce que les habitants d’Ile-de-France puissent avoir accès aux parcs et jardins publics dans la mesure où nombre d’entre eux vivent depuis le 16 mars dernier dans des logements exigus et parfois insalubres » affirmait Olivier Blond.
« Cette interdiction frappe davantage les citoyens les plus pauvres, ceux qui habitent des logements exigus sans accès à la verdure, ceux qui n’ont pas les moyens de partir trois mois dans une résidence secondaire. Il y a une inégalité de traitement scandaleuse qu’il faut résoudre rapidement », poursuivait-il.