Si le street art est LE mouvement artistique du moment, que penser des artistes qui, comme Basquiat et FUTURA 2000, ont quitté les rues pour mettre leurs graffitis sur toile, et les vendre ? Pas vraiment street artistes, mais tout de même esthètes, ces artistes ont su imposer le graffiti dans les galeries d'art et les musées !
S'ils sont exposés dans les plus grands musées, comme C215, actuellement exposé au Musée des Arts et Métiers ou Basquiat, exposé en 2010 au Musée d'Art Moderne, le monde de l'art n'était pas prêt pour l'arrivée de la bombe aérosol, dans les années 1970.
Pour cette exposition, la Pinacothèque a fait appel à Alain-Dominique Gallizia, passionné de graffiti. A l'entendre parler, le Pressionnisme (néologisme issu de pressure art et du suffisme -isme propre aux Ecoles dans l'art) est l'une des seules écoles qui a permis de réunir des artistes autour d'un but.
Dès l'entrée, on peut lire "depuis plus d'un demi-siècle, le marché de l'art et sa logique spéculative, alliés à la bêtise mondaine du monde culturel, n'ont plus donné naissance qu'à des individualités rongées par leur ambition de trouver la potion magique qui fera parler d'eux. [...] La notion d'Ecole s'est perdue, celle de groupe a disparu. Et quand un groupe de révoltés commence dans les années 1970 à s'exprimer, s'affronter certes avec un langage peu orthodoxe, au point d'être catalogué rapidement comme "gangs de toxicos", personne de décèle l'émergence de ces talents cachés." Au moins, c'est dit !
Aussi, avec cette exposition, la Pinacothèque revient sur le début du Pressionnisme, ce mouvement mal identifié par l'histoire de l'art et injustement associé au tag. L'amalgame est facile, dû aux travaux des premiers peintres-écrivains new-yorkais, « The Writers ». La différence ? Le tag consiste à réaliser une signature à l'aérosol tandis que le graffiti consiste à entourer des lettres de couleurs afin de constituer un texte ou une signature. Ce mouvement calligraphique, codifié et hiérarchisé, avec ses maîtres et ses écoles, se rapproche de l’enluminure traditionnelle et donna lieu à des joutes esthétiques, sur les façades d'immeubles, les trains et les gares.
On y apprend que le graffiti est né dans les gares, où des groupes de 3 artistes imprimaient leurs marques avec une œuvre comprenant une signature, un personnage et une charte graphique. Au début, seules 9 couleurs étaient disponibles, ce qui ne permettait pas aux graffeurs de composer des œuvres très fines, s'attardant plus sur la signature, ce qui concourra à leur mauvaise réputation.
A l'origine, les graffeurs s'affrontaient comme le faisaient les Ecoles d'art classique,, pour décrocher le titre de King et établir leur rang. Pour Alain-Dominique Gallizia, commissaire de l'exposiition, les King suprêmes sont Rammellzee, suivi de Phase 2 et de Bando.
Cet art du "pinceau spatial" requiert bien 5 années de pratique aux street artistes, lesquels s'entrainent dans les hangars, les garages, puis les ateliers : voici comment est né le Pressionnisme ! Hugo Martinez, sociologue intéressé par le street art, créa l'UGA (Union of Graffiti Artists) en 1972 : il proposa alors un atelier aux graffeurs, et leur offrait une visibilité, présentant alors pour la première fois leurs graffitis sur toile dans des galeries new-yorkaises.
Il faut attendre 1984 et l'arrivée de Bando, pour que la pratique s'exporte en France, d’abord dans son hôtel particulier de Saint-Germain des Près, puis sur le terrain dit "de Stalingrad". Trop souvent jugés, classés dans les mouvements underground ou primitif, les artistes sont aujourd'hui reconnus par les plus grandes institutions.
Cette exposition nous faire entrer dans l'histoire de ce mouvement, en présentant une centaine d'œuvres des plus grands artistes du Pressionnisme, dont Phase 2, Rammellzee, Dondi, Futura 2000 ou encore Bando, Ash et Jay. On est ainsi initiés au graffiti, et on en sort ravis, avec une volonté de savourer l'art de rue et de se lancer dans l'aérosol !
Infos pratiques :
Le Pressionnisme l'exposition à la Pinacothèque
Du 12 mars au 13 septembre 2015
Lieu : Pinacothèque 1
Horaires : 10h30-18h30 tous les jours, nocturnes mercredis et vendredis jusqu'à 21h
Tarifs : 13€, 11€ tarif réduit - réservation en ligne
Crédit photo : LADY PINK (Sandra Fabara ; Américaine, née en 1964), Autoportrait, 1992
Peinture aérosol sur toile • 96 x 131 cm
Collection privée, Paris • © Photo : Pierre Gallien - Studio objectivement
Attention, notre dernier passage remonte à plus de 4 ans, le cadre et l’expérience ont pu évoluer.
Dates et Horaires
Du 12 mars 2015 au 13 septembre 2015
Lieu
Pinacothèque de Paris
28, Place de la Madeleine
75008 Paris 8
Tarifs
tarif réduit : 11€
tarif normal : 13€
Plus d'informations
Horaires : 10h30-18h30 tous les jours, nocturnes mercredis et vendredis jusqu'à 21h