Valérie Pécresse et Île-de-France Mobilités obtiennent en partie gain de cause. Le bras de fer opposant l'autorité régionale des transports au gouvernement aboutit sur un entre-deux. La présidente de la région Île-de-France avait demandé à l'État une aide de 1,3 milliard d'euros pour qu'il continue à payer les transports publics après la déflagration de la crise du Covid-19. La candidate à l'élection présidentielle décroche finalement une subvention de 800 millions d'euros, qui n'est pas une subvention et sera à rembourser.
Dans un communiqué adressé ce lundi 11 octobre 2021, IDFM annonce que "après plusieurs mois de négociations, le Premier ministre a accepté que l'État accorde une aide de 800 millions d'euros pour l'année 2021, à laquelle s'ajoute une aide de trésorerie de 274 millions d'euros, qui sera remboursé début 2022". Le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari estime que "grâce à ce nouveau soutien, l'État montre qu'il est à nouveau au rendez-vous pour soutenir les investissements colossaux lancés sur le réseau de transports en commun en France". Aussi, "les modalités de remboursement seront étudiées avec l'État afin de ne pas entamer la soutenabilité financière d'IDFM à court et à long terme", explique l'entourage de Valérie Pécresse.
"Île-de-France Mobilités a suspendu les paiements à la RATP et la SNCF". Lundi 27 septembre 2021, la régie francilienne de transport mettait ses menaces à exécution. Faute d'accord trouvé avec l'État concernant la subvention de 1,3 milliards d'euros réclamée par IDFM pour compenser les pertes liées à l'épidémie du Covid-19, les paiements à la RATP et la SNCF étaient suspendus jusqu'à nouvel ordre.
Quelques jours auparavant, Valérie Pécresse appelait l'Etat à venir en aide à la région Île-de-France. Île-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports de la région avait fait savoir à l'État qu'elle pourrait "faire jouer la clause d'imprévisibilité des contrats", comme l'a souligné sa présidente, Valérie Pécresse, au cas où l'État n'agirait pas pour aider la trésorerie et payer la RATP et la SNCF, les deux prestataires de la branche.
Comme ça avait été le cas au début de l'été 2020, la régie francilienne de transports demande de nouveau à l'État de l'aide, notamment une subvention de 1,3 milliards d'euros afin de compenser les pertes liées à la pandémie du Covid-19, en 2021. Ce mardi 14 septembre 2021, IDFM menace de suspendre "tout ou partie" de ses versements à la RATP et la SNCF.
En ce sens, Valérie Pécresse, candidate à l'élection présidentielle, justifie les motivations de sa demande auprès de l'AFP. "Il ne peut y avoir de sortie de la crise Covid en Île-de-France sans compensation des pertes financières sur les transports en commun, comme cela s'est fait partout ailleurs dans le monde", explique-t-elle, avant de rajouter que "sans soutien aux transports en commun, le plan de relance France 2030 est déjà mal engagé". Surtout, "sans l'engagement du soutien financier de l'État, IDFM sera dans l'obligation de suspendre tout ou partie de ses paiements aux groupes publics RATP et SNCF dès la fin du mois de septembre 2021", menace-t-elle.
Un scénario qui avait déjà été répété à l'été 2020, en pleine crise sanitaire. Sans réponse de l'Etat, la région Île-de-France actait officiellement sa cessation de paiement mercredi 8 juillet 2020. Valérie Pécresse mettait ses menaces à exécution, et annonçait officiellement arrêter provisoirement de payer la RATP et la SNCF, qui devaient désormais selon ses mots "utiliser leur trésorerie" afin d'assurer la circulation des transports publics.
Quelques semaines auparavant, la présidente LR de la Région Île-de-France en charge de la gestion d'IDFM alertait de la même manière l'État sur le fait que "nous ne paierons plus les opérateurs à partir du 8 juillet par manque de trésorerie, tout simplement" soulignait-elle dans une téléconférence de presse organisée mardi 23 juin. Elle poursuivait en affirmant que "nous avons la trésorerie pour tenir quelques semaines, le temps qu'une solution soit trouvée". Cependant, en interne, il était connu que l'entreprise ne pouvait pas assumer plus longtemps le fonctionnement du réseau sans aide de l'État.
Un coup de pouce nécessaire, tant les pertes enregistrées depuis le début de la période sont importantes. Le Covid-19 a, à lui tout seul, privé IDFM de 2,5 milliards d'euros de recettes en 2020. C'est la recette voyageurs qui fait défaut à la régie parisienne, puisqu'elle représente 38% de ses pertes, soit 1,6 milliard d'euros précisément. Valérie Pécresse rappelle que "pendant la première phase du déconfinement, on a continué à perdre 80% des recettes voyageurs avec la distanciation physique obligatoire que nous avons été les seuls à appliquer en Europe".
Pour elle, "il n'y a pas beaucoup d'autres options qu'un plan de renflouement massif" poursuit l'élue LR. Aussi, elle s'interroge sur les moyens mis en œuvre par le gouvernement : "j'ai du mal à comprendre la logique du gouvernement. Mettre 15 milliards d'euros sur l'aéronautique, 9 milliards sur l'automobile". Elle affirme aussi qu'elle "ne veut pas des paroles d'amour", mais seulement des "preuves d'amour". Une romance, à la française.