Lundi 23 novembre 2020, à 21h30 heure française, la Chine a pu lancer la sonde Chang'e-5 dans l'espace, en direction de la Lune. L'objectif est de collecter des échantillons de roches lunaires et de les ramener sur Terre pour être étudiés. Cette mission spatiale est le prélude d'un long programme, qui devrait mener la Chine à envoyer des astronautes chinois sur la Lune d'ici 2030.
Cette mission lunaire est ambitieuse à plus d'un titre. La Chine compte mettre à profit cette expérience pour tester de nouvelles technologies, qui seront ensuite réutilisées pour de futures missions. Interrogé par le HuffPost, Chen Lan, analyste pour le site GoTaikonauts.com, spécialisé dans le programme spatial chinois, explique que « La Chine compte aussi profiter de cette mission pour affiner les technologies nécessaires aux futures missions lunaires habitées. C’est un pas de plus vers des Chinois sur la Lune. »
La sonde Chang'e-5 s'est posé près du Mons Rümker, un massif montagneux d’une altitude de près de 1 100 mètres, composé d'une vingtaine de dômes volcaniques. Une zone de la Lune plus jeune que celles habituellement étudiées par les scientifiques : 1,2 milliard d’années, alors que la Lune date d'il y a 4,5 milliards d’années.
Chang'e-5 a ramassé des échantillons de roche grâce à son bras robotisé, et une foreuse a prélevé des carottes jusqu’à deux mètres de profondeur. Rien à voir avec les légumes : le carottage est un type de forage d'exploration, visant à prélever un échantillon du sous-sol.
Les échantillons prélevés ont été ensuite placés dans le module de remontée, ce 3 décembre, qui a dû regagner l'orbite lunaire pour déposer les roches dans la capsule de retour sur Terre. L'opération s'est déroulée le dimanche 6 décembre.
Dans la nuit du jeudi 17 décembre, la Chine est devenue le troisième pays à rapporter des échantillons. En effet, Chang'e-5 est revenue saine et sauve sur Terre avec, en son sein, des morceaux de roche lunaire. Les seules autres nations à avoir réalisé cet exploit sont les Etats-Unis et l'ancienne Union Soviétique, qui avaient lancé leurs dernières missions de ce genre en 1976.
Jonathan McDowell, astronome au Centre Harvard-Smithsonian pour l’astrophysique, aux États-Unis, présageait qu'en cas de succès de la mission, « le système chinois de retour robotisé d’échantillons [deviendrait] le plus flexible et le plus performant ».
Les scientifiques espèrent obtenir de ces roches de nouvelles informations permettant d'affiner la courbe qui permet de dater les terrains de tous les corps du Système solaire en fonction de leur cratérisation. C'est un outil chronologique utilisé par les planétologues.
Le directeur adjoint de l’organisme chargé de l’exploration lunaire à la CNSA Pei Zhaoyu rassure les scientifique du monde entier : tout le monde pourra profiter des résultats de cette mission lunaire. Il promet dans le HuffPost que « les scientifiques chinois et ceux d’autres pays auront tous l’opportunité d’obtenir, pour la recherche, les échantillons lunaires ramenés par Chang’e 5. »
Une nouvelle qui réjouit les intéressés puisque « On n’a jamais visité de terrain de cet âge-là. Les missions Apollo, qui se sont aussi posées dans des mers, qui sont bien plates, bien lisses, faciles d’accès, sont allées sur des zones de 3,6 milliards d’années en moyenne. Les échantillons qu’elles ont rapportés étaient tous très vieux », explique au Monde Jessica Flahaut, spécialiste de géologie lunaire et martienne du Centre de recherches pétrographiques et géochimiques (CRPG) de Nancy.
Avec le succès de cette mission, la Chine marque une nouvelle étape de son programme visant à envoyer des astronautes sur notre satellite d'ici 2030. Le pays se prépare déjà sa prochaine mission : la sonde Chang’e-6 sera bientôt envoyée sur la face cachée de la Lune pour en ramener des échantillons. Une tâche difficile que ni les Américains, ni les Russes n'ont encore réussi.