L'année aura été bien difficile pour les musées en France. Outre les lourdes pertes financières - compensées en partie par les aides du gouvernement - les musées font face à de grands problèmes de logistiques. En effet, toutes les expositions organisées en 2020 ont dû être prolongées, reportées ou annulées, puisque les confinements ont bousculé les calendriers du monde de l'art.
Alors que leur réouverture est hypothétiquement reportée en janvier 2021, les musées doivent à nouveau gérer ces questions d'agenda. Au Musée d'Orsay, on reste positif, quand bien même la situation est compliquée.
Les expositions Léon Spilliaert et Aubrey Beardsley vont devoir prendre fin, quand bien même elles n'auront été ouvertes au public que deux semaines. Impossible de les prolonger davantage : les œuvres sont attendues dans d'autres musées. C'est notamment le cas de l'exposition Giorgio de Chirico, au musée de l'Orangerie, qui poursuit sa route vers Hambourg.
La très attendue exposition Les Origines du monde, qui devait débuter cet hiver au musée d'Orsay, est une nouvelle fois reportée. L'institution a dû négocier avec les autres musées pour prolonger les prêts des œuvres. « Certaines œuvres pour lesquelles nous avions un accord de prêt n'ont pu être acheminées en raison de la situation sanitaire », explique également la commissaire de l'exposition Laura Bossi à nos confrères du Point.
Une situation chaotique qui complique fortement la programmation des musées. « Nous avons été réactifs, nous avons bien anticipé, nous avons continué à recaler notre programmation même si elle a été chahutée », assure Laurence des Cars, la présidente du Musée d'Orsay. Cependant, elle reconnaît que c'est avant tout l'aide du ministère de la Culture et de l'Etat qui permet au musée de se maintenir face à la crise.
« Cela nous permet de passer cette vague très difficile et qui aurait été insurmontable sans cette aide. Nous sommes dans une situation très différente d'institutions américaines, essentiellement privées, qui traversent une crise grave avec des licenciements et des ventes d'œuvres. Nous allons tenir le choc, il n'y a aucun doute », se réjouit Laurence des Cars.
Une confiance en l'avenir qui n'est pas unanimement partagée par tous ses collègues. Chez Actu.fr, les acteurs du monde de l'art se disent plutôt inquiets. Un fonctionnaire de la mairie, travaillant pour les 14 musées de la Ville de Paris, reste amer. Le manque de communication du gouvernement a mis en péril de nombreuses institutions. Selon lui, les musées « se sont sentis baladés de semaine en semaine. Ouvrir, fermer, se préparer à rouvrir, ça a un coût énorme. On ne pourra continuer comme avant. »
De fait, si les grands musées peuvent trouver un moyen de joindre les deux bouts, les institutions plus fragiles ou moins soutenues n'ont pas ce luxe. Au printemps dernier, déjà, le Musée Rodin devait vendre certaines de ses œuvres pour renflouer leurs caisses.
Dans le secteur culturel, on ne décolère pas face aux choix du gouvernement. Pour Jean de Loisy, directeur de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, la décision de maintenir les lieux culturels fermés est symptomatique de la politique du gouvernement : « Les raisons pour lesquelles le supermarché est ouvert et le musée fermé ne sont pas seulement de santé publique, mais correspondent à ce qu’est la priorité dans la philosophie politique d’aujourd’hui ».
Les représentants des musées, cinémas, théâtres et salles de spectacle manifestent ce mardi 15 décembre contre la fermeture prolongée de leurs établissements. Un recours en justice devrait bientôt être déposé par les syndicats.