On le sait, entre Jair Bolsonaro et la presse brésilienne, les relations sont tendues. En témoigne cet exemple datant d'octobre 2020, relayé par France Inter : alors qu'un journaliste du Globo demandait au président des explications sur l’énorme affaire de corruption qui concerne sa famille, ce dernier a gentiment répondu : « Je vais te casser la bouche à coups de poing, enfoiré ! »
Un amour franchement contrarié, qui vient de subir un nouvel affront. En effet, le 5 janvier 2021, le président Bolsonaro a déclaré à un de ses partisans que « le Brésil est en faillite. Je ne peux rien faire. Je voulais changer la grille de réductions des impôts, mais il y a eu ce virus alimenté par la presse que nous avons ici, cette presse sans intérêt. »
Il est vrai que la situation économique n'est pas au beau fixe, mais est-ce vraiment la faute des journalistes ? Nous rappelons que le président brésilien n'a jamais cru à la dangerosité du coronavirus, quand bien même il fut contaminé en juillet dernier. Les médias continuaient, malgré les insultes de leur président, à relayer les informations concernant l'épidémie.
Il faut également souligner le fait que le virus n'a pas épargné le pays d'Amérique du Sud. Près de 198 000 morts depuis le début de la pandémie. 1 171 décès et pas loin de 60 000 nouvelles contaminations en seulement vingt-quatre heures, rapporte l'AFP ce mercredi 6 janvier 2021. Des chiffres qui devraient encore augmenter, puisque l'on s'attend à un pic de contaminations après les fêtes de fin d'année.
Pendant plusieurs mois, pour lutter contre les effets de la pandémie, les gouverneurs des différents états du Brésil ont mis en place des restrictions. Le gouvernement a également accordé une aide d'urgence pendant neuf mois, distribuant un coup de pouce monétaire à 68 millions de Brésiliens, soit près d’un tiers de la population. Une aide nécessaire pour empêcher des millions de citoyens de tomber dans la misère.
Ces mesures ont provoqué un effondrement économique du pays. Les marchés ont fait pression pour stopper ces aides. Le niveau très élevé de déficit et la dette du pays font craindre à Marcelo Neri, directeur du centre de politique sociale de la Fondation Getulio Vargas (FGV), que la huitième puissance économique mondiale ne soit « au bord d’un gouffre social ».
Une situation très compliquée à gérer pour ce pays qui ne maîtrise toujours pas l'épidémie, mais qui ne peut plus se permettre d'aider financièrement sa population.