Vaccination des enfants : la clé pour atteindre l'immunité collective face au Covid-19 ?

Par Cécile de Sortiraparis, Caroline de Sortiraparis · Publié le 8 avril 2021 à 11h31
Au début de la campagne de vaccination en France, Alain Fischer, confiait au Parisien qu’il « faudra peut-être un jour vacciner les enfants », pour combattre les variants du Covid-19. Ce à quoi Olivier Véran avait répondu que ce n'est pas au programme pour l'instant. En avril 2021, la question de la vaccination des enfants revient sur le tapis.

C’est une déclaration qui a fait parler. Le 16 janvier 2021, dans les colonnes du Parisien, le professeur Alain Fischer, le Monsieur Vaccin du gouvernement, estimait qu’« il faudra peut-être un jour vacciner les enfants » en raison des diverses mutations du coronavirus. 

Les variants se sont propagés rapidement en France. Comme Alain Fischer l'avait prévu, ils ont poussé le gouvernement à revoir sa stratégie vaccinale. « Peut-être un jour faudra-t-il vacciner les enfants. En Grande-Bretagne, on cherche à savoir si leur taux d'infection plus important est lié à ce variant. Si cela se confirme et que les enfants transmettent le virus, la question se posera », avait ainsi déclaré Alain Fischer au Parisien.

Le 19 janvier, le ministre de la Santé Olivier Véran avait répondu au professeur sur France Inter, affirmant que « pour l'instant, ce n'est pas au programme », précisant qu'il n'y a « à ce stade aucune autorisation d'utiliser le vaccin chez les enfants, dans un cadre classique, sanitaire. L'Agence européenne du médicament ne nous a pas demandé de le faire et n'a pas accordé d'autorisation ». « Si la situation devait évoluer, il y aurait une saisine des autorités compétentes, au niveau européen et national. (...) Pour l'instant, ce n'est pas au programme », a-t-il ajouté.

On rappelle que le taux de positivité des enfants continue de grimper depuis le début de l'année. Selon le bulletin épidémiologique dévoilé par Santé publique France, le 13 janvier dernier, ce taux était à 10% chez les moins de 10 ans et 8,5% chez les 10-19 ans. 10 jours plus tôt, il était à moins de 3 %.

Face à la propagation de ce variant anglais dans le pays, le ministre de la Santé avait d’ailleurs annoncé la mise en place d’un "protocole qui vise à dépister jusqu'à un million d'enfants et d'enseignants par mois".

Quelques mois plus tard, la question de la vaccination des enfants refait surface. Une étude de l'Institut Pasteur, diffusée le 7 avril 2021, simule différents scénarios pour tenter de déterminer quand la France atteindra son immunité collective. Pour cela, il faudrait vacciner 90% des adultes avant le 1er septembre... ou commencer à vacciner les enfants.

L'Institut estime que l'on pourrait retrouver une vie sans masque et sans gestes barrière à l'automne 2021, si le gouvernement modifie quelque peu sa stratégie de vaccination. 

« Si on ne vaccine que les adultes, le virus va continuer à circuler chez les enfants, et dès lors, on aura un réservoir d'infections qui va faire que ces enfants vont pouvoir contaminer leurs proches », explique Simon Cauchemez à France Info.

Le chercheur de l'unité de modélisation mathématique des maladies infectieuses à l'Institut Pasteur estime que si le pays continue de vacciner en masse les personnes de plus de 65 ans, et que l'on inclut également la population de 0 à 64 ans dans cette campagne sanitaire, il suffirait que 60 à 69% de la population soit vaccinée pour retrouver une vie normale rapidement.

Dans cette optique, les laboratoires Pfizer et Moderna ont lancé des études cliniques pour évaluer les effets de leurs vaccins sur les enfants et les adolescents.  

Le gouvernement sera peut-être forcé d'élargir la vaccination aux enfants si un trop grand nombre d'adultes refusent toujours de se faire immuniser. Jean-Stéphane Dhersin, modélisateur de l’épidémie du Covid-19 pour le CNRS, à la lecture de l’étude de l’Institut Pasteur, explique au HuffPost que « vacciner les mineurs est un levier d’action potentiel dans la lutte pour revivre normalement. Si des adultes refusent de se faire vacciner, il faudra peut-être augmenter la couverture vaccinale, en impliquant les enfants. »

Les derniers chiffres de Santé publique France montrent que seuls 58% des 50-64 ans affirment vouloir se faire vacciner. Un pourcentage qui tombe à un tiers seulement chez les 18-24 ans

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