La lutte contre les violences sexuelles s'invite au Conseil de Paris. Au premier jour du conseil municipal de la capitale, ce mardi 2 février 2021, la majorité des élus de gauche et écologistes ont rejeté un vœu porté par Nelly Garnier, membre de l'opposition, concernant la mise en place d'une commission indépendante de lutte contre les abus de pouvoir et les violences sexistes, qui auraient été commis par des élus parisiens.
Alors que l'Hôtel de Ville est secoué par la résurgence de plusieurs affaires de violences sexuelles depuis l'été 2020 et la démission de Christophe Girard, adjoint à la culture accusé de viol, ce refus a provoqué la colère de l'opposition. Rachida Dati, maire du 7e arrondissement et présidente du groupe "Changer Paris", a affirmé que ce refus était le symbole d'une "gauche complice de pédophilie et d'inceste". En face, la majorité a dénoncé des propos "diffamatoires".
Si les alliés de la gauche au pouvoir et d'Anne Hidalgo sont sommés de s'expliquer et d'agir à ce sujet, c'est aussi parce que les affaires de violences sexuelles s'accumulent à l'Hôtel de Ville. D'abord la démission de Christophe Girard, éternel proche de la maire socialiste et adjoint à la culture, après des accusations de viol (classées sans suite) et de complicité avec Gabriel Matzneff, l'écrivain inculpé de pédocriminalité et ami intime de l'adjoint. Ensuite, quelques semaines plus tard, c'était le maire adjoint chargé de la Seine, Pierre Aidenbaum, qui était mis en examen pour un supposé viol d'une ancienne collaboratrice.
Enfin, d'autres accusations de viol sortaient de terre début janvier 2021, de la part d'un jeune militant du Parti communiste à l'encontre de Maxime Cochard, élu du PC au Conseil de Paris, lançant par la même occasion le mouvement #Metoogay sur les réseaux sociaux. De quoi susciter la colère des élus de l'opposition, qui accusent les alliés écologistes, socialistes et communistes d'inaction. "J'ai rarement vu autant d'histoires d'amour et de sexe qu'à la mairie de Paris" confie un ancien conseiller au Monde.
En face, l'aile gauche de la majorité municipale se défend de ne rien faire pour lutter contre les violences sexuelles. "Nous proposions déjà une formation à la prévention du harcèlement, et nous venons de la rendre obligatoire pour les collaborateurs d'élus" explique au Monde Antoine Guillou , adjoint chargé des ressources humaines. "Les élus eux-mêmes sont vivement incités à la suivre", affirme le proche d'Hidalgo. Dans tous les cas, la maire socialiste se doit d'agir, le plus rapidement possible.