Le projet de loi sur l'euthanasie au cœur d'une situation "ubuesque"... Voilà le malheureux constat qu'a fait le député Loïc Kervran ce dimanche 4 avril à nos confrères de France Bleu Berry, après que cinq députés aient déposé 2158 amendements (sur les 3000 déposés) dans le but de bloquer ce projet de loi, alors que celui-ci avait déjà été voté une première fois à l'Assemblée nationale, puis au Sénat. Prévue en deuxième lecture ce jeudi 8 avril, celle-ci pourrait finalement ne pas être adoptée au Palais Bourbon, les députés ne pouvant discuter de ce texte que pendant cette unique journée.
Une situation qui a fait réagir plusieurs de ses collègues qui ont signé une tribune dans le JDD dans le but de demander un vrai débat sur la fin de vie. Au total, ils sont 269 à avoir signé cette dernière. "Jeudi prochain, nous devons étudier une proposition de loi du groupe parlementaire 'Libertés et territoires' sur la fin de vie. Cette proposition vise notamment à autoriser l'assistance médicalisée et l'aide active à mourir", explique ainsi le député. Et de poursuivre : "Il y a un consensus assez large chez les députés de tous les bords, mais malheureusement de très nombreux amendements ont été déposés sur cette loi, ce qui pourrait empêcher son examen et son adoption jeudi".
Le député du Cher conclut : "Nous sommes face à une vraie obstruction. Il me semble extrêmement regrettable de détourner un droit fondamental qui est le droit d'amendement pour empêcher l'expression de la volonté de la représentation nationale". De son côté, Jean-Luc Romero, président de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), a lancé un appel au Président de la République ce dimanche, au micro de nos confrères d'Europe 1, lui demandant de prendre ses responsabilités "face à ses extrémistes".
Pour rappel, en France, l'obstruction parlementaire est presque devenue dans l'hémicycle un sport national. Concernant le record d'amendements, celui-ci revient au Parti socialiste et au Parti communiste qui, à l'été 2006, ont déposé par moins de 137 000 amendements contre le projet de loi relatif au secteur de l'énergie.