Avec la crise sanitaire et les confinements, la vente en ligne a connu un boom d'activité conséquent. De son côté, la RATP a constaté qu'en journée, lorsque les bus sont en circulation, les 17 dépôts-bus installés dans Paris et les départements alentour sont quasiment vides. Ainsi, la société de transport a décidé de faire d'une pierre deux coups. Elle souhaite investir le marché de la logistique en rentabilisant ces grands espaces vides, transformés en petites plateformes logistiques pour Amazon et Chronopost.
La RATP explique au Parisien que les centres bus de Lagny (XXe arrondissement), Point du jour (XVIe arrondissement) et Corentin (Montrouge, 92) pourront être affectés à de nouvelles activités en journée, lorsque les bus sont en service.
En 2020, RATP Capital Innovation (la filiale investissement de la Régie) avait lancé un appel d'offres public à la concurrence pour transformer ces « mètres carrés gâchés » en espace actif. Parmi les 15 sociétés qui ont répondu à cet appel, la RATP en a retenu deux : Amazon et Chronopost, filiale de la Poste. La RATP explique avoir choisi ces deux entreprises pour leur savoir-faire et la « qualité environnementale » de leur dossier.
Les dépôts-bus sélectionnés pourront donc être utilisés pour le transfert de marchandises pendant les heures creuses de la journée, et seulement pour effectuer les livraisons dites « du dernier kilomètre ». Les deux entreprises de livraison assurent également utiliser des véhicules à faible émission adaptés à la conduite urbaine, pour limiter leur impact écologique. Argument qui a su séduire la RATP.
La société de transport parisienne a tout à gagner dans cet élargissement de ses activités : cette opération ne nécessite que peu d'aménagements de sa part (quelques installations signalétiques et des balisages de sécurité), et elle reçoit en retour un revenu régulier pendant quatre ans pour la sous-location de ses locaux. La RATP n'a pas souhaité s'exprimer sur l'aspect financier de l'opération. Elle préfère mettre en avant son ambition de devenir un acteur majeur dans la logistique urbaine et les services commerciaux à destination des villes.
L'entreprise a en effet intérêt à élargir ses activités rapidement, puisqu'en 2025, le réseau des bus parisien s'ouvre à la concurrence. D'ici 2040, tous les réseaux de transports publics de Paris et de la petite couronne devraient évoluer avec l'arrivée de nouveaux acteurs sur le marché.
Catherine Guillouard, présidente de la RATP, le reconnaît : « Nous devrions perdre des parts de marché . Dans cette perspective, nous constituons une base de développement complémentaire à notre cœur de métier. » C'est donc dans cette optique qu'elle ouvre trois dépôts-bus au secteur de la logistique. La « commercialisation » de quatre autres centres bus devrait également être actée d’ici à la fin 2022.