Ce que les motards de Paris redoutent, d'autres le vivent déjà : à Charenton et Vincennes, les pilotes de deux-roues doivent payer le stationnement de leur véhicule depuis 2018. Les deux villes du Val-de-Marne ont profité de la loi de décentralisation du stationnement pour mettre en place cette nouvelle règle de vie en ville.
Les scooters et les motos doivent donc payer leur place de stationnement, au prix de 80 centimes de l'heure à Vincennes (soit un tiers du tarif auto). Ils peuvent aussi bénéficier d'un forfait "résident" et un forfait post-stationnement (un PV) a été élaboré. Mais cette politique du payant s'accompagne aussi d'avantages pour les deux-roues : ils disposent désormais de plus d'arceaux et de parcs de stationnement dédiés à leurs véhicules.
Pour les deux villes d'Île-de-France, l'intérêt du stationnement payant n'est pas vraiment financier. Hervé Gicquel, maire LR de Charenton explique à nos confrères du Parisien que « l'année dernière, les deux-roues ont rapporté 17 000 euros sur une recette de stationnement globale de près de 1 million d'euros. » Une goutte d'eau donc.
Pour la commune, l'objectif du stationnement payant est avant tout de réguler l'espace public et empêcher que les deux-roues envahissent les trottoirs. Et ça marche ! Trois ans après la mise en place de ces mesures, la mairie de Vincennes constate que « les motos ventouses ont apparemment disparu et les garages sont sans doute mieux utilisés. »
Les pilotes se sont finalement habitués à payer leur place de stationnement, et certains soutiennent même cette mesure, comme Matthieu, conducteur d'un scooter à Vincennes. « Ça ne me choque pas qu'on paye aussi. Et puis avec mon abonnement, je dois payer quelque chose comme 70 euros par an. Ce n'est pas la mort ! À Paris, on n'y coupera pas... et c'est logique », estime-t-il.
Les livreurs à scooters ne partagent pas le même avis, pour des raisons pratiques. « Pas le temps. Je me gare 50 fois par jour ! Je ne vais pas payer 20 centimes à chaque fois », réagit l'un de ces livreurs, qui assure n'avoir été verbalisé qu'une seule fois. Pierre, un motard qui se balade fréquemment à Charenton, refuse de payer également. « Moi, je ne paye jamais ! Pas pour économiser mais par principe. Il n'y a pas de raison qu'on soit au même régime que les autos... ou alors il faut faire payer aussi les cyclistes », revendique le motard qui aimerait voir la gratuité de stationnement pour tous les deux-roues.
Dans la communauté des motards, la colère gronde. Pour Jean-Marc Belotti, président de la branche Île-de-France de la FFMC (Fédération française des motards en colère), taxer les deux-roues est un non-sens. « On occupe moins de place qu'une voiture. On n'est pas soumis aux embouteillages, on pollue moins », argumente-t-il.
Face au projet de la ville de Paris de faire payer le stationnement aux motos et aux scooters, Jean-Marc Belotti a prévu de se battre. « Nous allons également écrire à tous les groupes du Conseil de Paris pour leur expliquer nos arguments. On s'aperçoit qu'il y a une grande méconnaissance du dossier. Pour l'instant, il est uniquement abordé de façon dogmatique ! », assure le motard qui compte bien organiser plusieurs mobilisations de protestation.