Pour la troisième fois de son mandat présidentiel, Emmanuel Macron veut faire du 21 mai une date importante, un rendez-vous national. Ce jour de mai, le président de la République commémore les mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions. Il célèbre également cette année les 20 ans de la loi Taubira, loi qui a permis la reconnaissance de la traite et de l'esclavage comme crime contre l'humanité.
Le 21 mai prochain, en milieu d'après-midi, le chef de l'État doit donc se rendre aux Jardins du Luxembourg, où il se recueillera devant le monument commémoratif de l'abolition de l'esclavage. À ses côtés, Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur), Éric Dupont-Moretti (ministre de la Justice), Jean-Michel Blanquer (ministre de l'Éducation nationale), Roselyne Bachelot (ministre de la Culture) et Élisabeth Moreno (ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la Diversité).
Le journal L'Express nous apprend que la cérémonie du 21 mai 2021 sera l'occasion pour la comédienne guyanaise Yasmina Ho You Fat de lire un extrait du discours prononcé par la députée Christiane Taubira, rapporteure de la proposition de loi, devant l'Assemblée nationale en 1999.
Les lauréats du concours Voix des outre-mer ont été invité à la cérémonie, pour interpréter un chant traditionnel guadeloupéen, Elwa ou ka vwayajé. Les élèves du concours national de la Flamme de l'Égalité, dont le thème tournait autour de l'esclavage, seront également présents.
En 2019, lors d'une précédente commémoration, le président de la République affirmait : « Je mesure ce que l'esclavage, la traite, les abolitions et leurs héritages représentent dans notre pays, dans notre culture, dans notre âme. Cette Histoire est notre Histoire. » Plus récemment, lors de son discours commémorant le bicentenaire de la mort de Napoléon, Emmanuel Macron évoquait la décision de l'Empereur de rétablir l'esclavage en France, qualifiant ce geste de « trahison de l'esprit des Lumières ».
Bien que l'esclavage ait été aboli il y a 170 ans en France, ses effets se font encore sentir. Christiane Taubira explique dans un entretien à l'AFP qu' « incontestablement les traces de l'esclavage sont là, dans les esprits, dans les mentalités et dans les mécanismes institutionnels. Pourquoi ? Parce que ça a forgé la société, toutes les sociétés européennes, y compris celles qui n'avaient pas de façade atlantique. On nous dit souvent que le racisme a toujours existé. Non, on trouve trace des premières occurrences et il apparaît après la traite négrière. »
La femme politique note une évolution des mentalités depuis 20 ans, mais elle estime que le chemin est encore long. « Les effets de cette histoire sont là et ils sont vraiment pesants. Il y a des gens qui peuvent vivre en bavardant de ça mais il y a des gens, ça les prend à la gorge tous les jours, ça détermine leur quotidien, ça balaie leurs chances, ça pèse sur leur destinée », déplore l'ancienne ministre.
Ce crime si lourd ne peut être ignoré, pour Christiane Taubira. « Personne n'a de légitimité pour esquiver le sujet de la réparation. On ne peut pas continuer à dire qu'il n'y a pas de sujet, c'est insupportable cette dénégation. (...) Le crime en soi est irréparable, personne ne peut ramener les vies perdues ni rembourser les générations de travail gratuit (...), il n'y a personne sur Terre qui soit capable de réparer ce crime-là », conclut-elle.
Dates et Horaires
Le 21 mai 2021
Lieu
Jardin du Luxembourg
19 rue de Vaugirard
75006 Paris 6