C'était en 1990. Jacques Chirac, alors maire de Paris, fait une promesse lors de son passage dans l'émission "La marche du siècle", diffusée sur la troisième chaîne : « Dans la Seine, la variété des espèces est en constante augmentation. Au dernier recensement, plus de 25 poissons différents trouvaient des conditions de vie adéquates dans la Seine. (...) Voilà pourquoi j'affirme qu'on peut rendre un fleuve propre, et j'ai d'ailleurs indiqué que dans trois ans, j'irai me baigner dans la Seine devant témoins pour prouver que la Seine est devenue un fleuve propre. »
Promesse qu'il ne pourra jamais tenir. Malgré tout, l'idée est restée ! Anne Hidalgo veut elle aussi tenter le pari d'une Seine propre. La maire de Paris veut rendre le fleuve suffisamment sain pour que tout le monde puisse s'y baigner d'ici 2024.
Le but est de pouvoir organiser les épreuves de 10 km nage libre et du triathlon dans la Seine. L'arrivée imminente des Jeux olympiques de Paris de 2024 force les pouvoirs publics à accélérer les processus de nettoyage et d'assainissement du fleuve. La municipalité entend également offrir aux Parisiens la possibilité de se baigner dans leur fleuve, une activité qu'ils n'ont plus le droit de faire depuis 1923, soit depuis près d'un siècle !
Le Parisien nous en dit plus sur cette opération de grande envergure, qui devrait coûter plusieurs centaines de millions d'euros. Le quotidien interroge Célia Blaudel, adjointe à la maire de Paris chargée du développement durable, et de l'eau en particulier. Celle-ci admet que ce défi sera difficile à réussir : « Il va falloir donner un sacré coup d'accélérateur. Mais je suis super optimiste. La qualité de la Seine est bien meilleure qu'il y a vingt ans. La preuve : on y trouve aujourd'hui 35 espèces de poissons, contre 2 seulement dans les années 1970 », affirme l'adjointe.
Depuis 2016, les pouvoirs publics et les acteurs locaux se penchent sur ce chantier complexe. Le comité Seine, qui rassemble l'Agence de l'eau, les départements, le Siaap, Haropa, la Ville de Paris, la préfecture de région..., a divisé cette mission en quatre chantiers.
Il s'agit dans un premier temps d'équiper les stations d'épuration en filtres ultraviolets, afin d'éliminer les bactéries entérocoques et E. coli. Puis il faut créer de nouveaux bassins de stockage pour recueillir les eaux de pluie. La troisième étape prévoit de revoir les branchements des zones pavillonnaires de banlieue, pour que les eaux usées des maisons ne se déversent pas dans la Seine. Enfin, il faut interdire aux péniches de déverser leurs eaux sales dans la Seine.
Célia Blauel avoue que le plus gros du chantier repose sur les branchements non conformes ou défectueux, qui envoient les eaux usées des particuliers dans le fleuve parisien. « C’est le sujet sur lequel on a encore besoin de beaucoup avancer. Le reste progresse très bien, notamment le raccordement des bateaux qui est en cours et les grands travaux de rénovation des réseaux publics. Pour cet aspect des branchements privés, il faut que les gens connaissent les aides qui leur sont proposées. La Ville a décidé d’apporter trois millions d’euros pour accompagner les mises en conformité, en plus des subventions déjà existantes. Nous voulons faire en sorte que le reste à charge pour les particuliers soit le plus faible possible. » Actuellement, ce reste à charge atteint environ les 1 500 euros, sur un investissement pouvant atteindre 12 000 euros.
On attend donc avec curiosité de voir comment ce chantier d'ampleur va évoluer. À noter cependant que si l'assainissement de la Seine est un succès, les Parisiens ne pourront pas se baigner n'importe où. Des espaces de baignades bien délimités vont être définis. La ville de Paris a pour le moment identifié neuf sites potentiels, du Trocadéro jusqu'au Pont-Neuf, en passant par le bois de Boulogne, les ports de Bercy et le pied de la gare d'Austerlitz.