L'image est impressionnante. 300 tentes et plus de 400 personnes ont occupé la place des Vosges, à Paris : le campement s'est installé jeudi 29 juillet au soir et n'a été évacué que ce vendredi 30 juillet, en fin de matinée. Le collectif Réquisitions a voulu lancer une opération de grande envergure en prenant d'assaut cette place des quartiers chics de la capitale, souvent prisée des touristes.
Le collectif et les sans-abris impliqués dans cette intervention militent pour leur droit à un hébergement digne, en attendant d'être relogé. Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du collectif Droit au logement, explique au micro d'Europe 1 que « la France compte 3,1 millions de logements vacants, près d'un million de plus qu'il y a dix ans. On n'en a jamais compté autant et on a une loi de réquisition qui permet à l'État de réquisitionner et d'installer des personnes sans abri ou très mal logées dans des logements vacants », s'indigne-t-il.
Le porte-parole et les six autres associations présentes sur place sont déterminées à continuer leur lutte tant que les 400 sans-abris installés place des Vosges ne seront pas correctement pris en charge.
Le collectif Réquisitions est l'organe de lutte qui réunit différentes associations : Droit au logement, Enfants d’Afghanistan et d’ailleurs, Utopia 56, le Collectif Tchadien·ne·s et Soudanais·es en France, Paris d’exil, Solidarité migrants Wilson et la Coordination 75 des sans-papiers.
Ces acteurs engagés dans la lutte contre le mal logement œuvrent en faveur des personnes sans toit, qui ont particulièrement souffert de la crise sanitaire : ce campement massif dans le centre de Paris, « c’est la seule manière de rendre visibles tous ces sans-abri éparpillés dans la région Ile-de-France, où les hébergements sont saturés, et [où] seulement la moitié des demandeurs d’asile [sont] pris en charge. L’année 2020 a, pour eux, été particulièrement dure, avec beaucoup de répression, et il n’y a pas de volonté politique de régler ce problème. Et qu’on ne nous dise pas qu’il n’y a pas de place : il y a 400 000 logements vides en Ile-de-France », s'insurge Yann Manzi, un membre de l'association Utopia 56 interrogé par Le Monde.
Le collectif demande à la Ville de Paris, propriétaire de la place, d'agir pour ses habitants les plus précaires. Ces derniers n'ont pas été évacués immédiatement : Ian Brossat, adjoint à la maire de Paris chargé du logement, a assuré jeudi soir que le campement resterait en place jusqu'à ce que des solutions d'hébergement soient trouvées.
Vendredi 30 juin, à partir de 11h20, les opérations pour reloger ces sans-abris ont commencé : Léa Filoche, adjointe à la maire de Paris chargée des solidarités, a renvoyé ces SDF vers deux gymnases et un hall d'exposition à la Villette, le Paris Event Center, selon les informations de BFMTV. L'adjointe se décharge désormais de cette responsabilité sur l'Etat, qu'elle somme de trouver « une solution pérenne » de logement.