S'agit-il d'un chèque carburant ? D'une baisse des taxes ? Le gouvernement indiquait mardi 19 octobre 2021 qu'un dispositif "juste et efficace" permettant de pallier la hausse des prix du carburant allait être annoncé "d'ici la fin de la semaine". Cette annonce, elle a été faite par le Premier ministre Jean Castex ce jeudi 21 octobre au 20h de TF1, expliquant ainsi mettre en place une "indemnité inflation" de 100 euros "qui sera versé aux Français qui gagnent moins de 2000 euros net par mois". Un dispositif qui concernerait 38 millions de concitoyens.
La première cible, "ce sont les gens qui travaillent, les salariés, les indépendants, les artisans, les retraités", explique également le Premier ministre. Quant à savoir comment toucher cette aide, les Français "n'auront rien à faire, ce sera automatique", poursuit Jean Castex. Une indemnité qui passera par les entreprises pour les salariés, par la MSA pour les agriculteurs, ou encore par l'Urssaf pour les indépendants, etc. Cette indemnité arrivera dès le mois de décembre pour la plupart des Français, et en janvier pour les agents de la fonction publique. Certains l'auront un peu plus tard, comme les retraités, toujours selon le Premier ministre.
Faudra-t-il justifier la possession d'une voiture ou autre véhicule ? Selon Jean Castex, non : l'idée est de prendre en considération l'inflation dans de nombreux secteurs, sur de nombreux produits de consommation, concernant les détenteurs d'un véhicule ou non. Chaque personne touchera ainsi 100 euros, par personne : un foyer comprenant deux salariés gagnant moins de 2000 euros par mois touchera donc, comme l'a précisé le Premier ministre, 200 euros, soit 100 euros chacun.
À l'origine, deux pistes étaient à l'étude : un chèque carburant pour les foyers les plus modestes et certains professionnels, mais également une baisse des taxes sur le carburant. Quoiqu'il en soit, "Il ne s'agit pas d'inventer une usine à gaz, il faut que ce soit simple" expliquait mercredi 20 octobre Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, à l'issue du Conseil des ministres.
Quels sont les avantages de l'un comme de l'autre ? Concernant le chèque carburant, celui-ci permettrait de mieux cibler les usagers qui en ont le plus besoin et de faire des économies. C'est en tout cas ce qu'expliquait lundi 18 octobre le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qui indiquait préférer un chaque carburant, sur le modèle du chèque énergie, la baisse des taxes entraînant des dépenses conséquentes sur une économie déjà fragile en raison de la crise. Et de poursuivre en expliquant qu'une baisse d'un centime, c'est "un demi milliard d'euros" en moins dans les caisses de l'État.
Un dispositif en revanche assez complexe à mettre en place et appliquer, celui-ci nécessitant de définir un plafond de ressources et d'identifier par la suite les bénéficiaires. Le gouvernement ne dispose pas "d'une base de données des gens qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler", indiquait ainsi, de son côté, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique. Autre problème lié à ce type de dispositif : éviter "que certains, pour des questions de seuil, se sentent exclus" à quelques mois des élections présidentielles, notamment "les classes moyennes supérieures", explique une source gouvernementale à nos confrères de Franceinfo. Et de poursuivre : "On ne veut pas, après les 'gilets jaunes', avoir une manif des cols blancs".
Quant à la baisse des taxes sur le carburant, celle-ci est particulièrement populaire dans l'opinion, mais coûte trop cher à l'État. "Passer la TVA de 20% à 5,5% sur le gaz, l'électricité et les carburants, comme le proposent certains candidats, coûterait 13 milliards d'euros en année pleine, dont 10 milliards uniquement sur l'essence", indique ainsi le ministère de l'Economie. Des recettes, les TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques), qui représentent "la quatrième recette fiscale de l'État derrière la TVA, l'impôt sur le revenu et celui sur les sociétés", précisent nos confrères de Franceinfo. Difficile donc de s'en passer, en particulier en période de crise où l'économie reste fragile. Un dispositif qui ne permet également pas "de cibler spécifiquement les publics les plus modestes", selon une source gouvernementale.
Une décision complexe, donc, et des annonces qui devraient arriver très rapidement.