Invasion de chenilles processionnaires à Paris et en Île-de-France : comment s'en protéger ?

Par My de Sortiraparis, Caroline de Sortiraparis · Publié le 3 mars 2024 à 8h47
Alors que les chenilles processionnaires sont désormais classées espèces nuisibles à la santé humaine par un décret, ces petits insectes aux poils urticants poursuivent leur invasion dans le pays, et notamment à Paris en Île-de-France. Alors, comment bien les reconnaître et comment s’en protéger et protéger ses animaux, spécialement les chiens ? On vous dit tout !

Si vous avez l’habitude de vous balader en forêt ou que vous passez du temps dans votre jardin, alors vous les avez très certainement déjà observées. Je vous parle des chenilles processionnaires, ces petits insectes qui ont la particularité de se déplacer en file indienne. Depuis 2010, les chenilles processionnaires du chêne et du pin gagnent du terrain dans l’Hexagone, et notamment à Paris même et dans toute l'Île-de-France, où leur nombre ne cesse de croître. Selon l’ARS Île-de-France, des colonies de chenilles processionnaires à la fois du chêne et du pin sont observées dans la région depuis le début des années 2000. « Présente sur 1% du territoire francilien au début des années 2000, elle est désormais durablement installée sur un peu plus de 80% de l’Île-de-France.

Seulement voilà, ces petites chenilles, également appelées chenilles urticantes, s’avèrent être particulièrement dangereuses pour l’Homme et les animaux, pouvant provoquer de vives réactions inflammatoires urticantes. Les chenilles processionnaires ont d’ailleurs été classées, par un décret, espèces nuisibles à la santé humaine.

Ces petites bêtes, bien que discrètes, portent en elles un danger non négligeable pour les franciliens et nos compagnons à quatre pattes. Leur particularité ? Des poils urticants chargés de thaumétopoéine, une protéine capable de provoquer d'intenses réactions inflammatoires.

La présence de ces chenilles dans la capitale n'est plus à prouver, notamment dans les bois de Boulogne et de Vincennes et dans plusieurs arrondissements clés. Leur période d'activité, s'étendant de la fin de l'hiver au début du printemps, est une fenêtre critique durant laquelle il va falloir être particulièrement vigilant. En effet, lorsqu'elles quittent leur habitat arboricole pour s'enterrer, les chenilles peuvent facilement entrer en contact avec les humains et les animaux, intentionnellement ou non.

Les chenilles processionnaires, qu’est-ce que c’est ?

Il existe deux types de chenilles processionnaires, à commencer par la chenille processionnaire du chêne (Thaumetopoea processionea) qui peut s’avérer dangereuse d’avril à juillet. On la retrouve essentiellement sur le quart nord-est de la France.

Puis il y a la chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) qui, est, est à surveiller entre janvier et mai. Elle est surtout présente sur les ¾ sud du territoire français et son front de migration remonte chaque année de quelques kilomètres.

Ces deux espèces de chenilles processionnaires vivent en groupe, dans des nids accrochés aux arbres. Après leur éclosion, elles se déplacent et forment alors des processions. Leur prolifération peut d'ailleurs provoquer un « affaiblissement des arbres », selon l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. La particularité ? Leurs poils urticants, qui peuvent s’avérer particulièrement dangereux.

Chenilles processionnaires : quels sont les risques pour la santé ?

En raison de leurs poils urticants, les chenilles processionnaires peuvent causer, au toucher, de vives réactions inflammatoires, parfois graves. Mais ces poils urticants peuvent également « se détacher très facilement sous l’effet du vent ou lors d’un contact », explique l’ARS Île-de-France. Ces poils peuvent donc être transportés sur de longues distances, et s’accrocher « facilement aux tissus (la peau et les muqueuses) y provoquant une urtication (sensation de piqûre qui accompagne l'urticaire) par libération d'histamine (substance aussi libérée dans les réactions allergiques) ».

Le contact direct avec ces chenilles processionnaires n’est donc pas le seul facteur à l’origine de ces réactions inflammatoires. « Ces propriétés urticantes persistent même après la disparition de la chenille », ajoute l’ARS Île-de-France.

L’agence régionale de la santé précise aussi les différents types de symptômes développés en cas de contact avec ces insectes, comme des démangeaisons sur la peau, mais aussi une conjonctivite (yeux rouges, douloureux et larmoyants). En cas de contact par inhalation, des éternuements, des maux de gorge, des difficultés à déglutir et éventuellement des difficultés respiratoires peuvent apparaître. En cas de réaction allergique, veillez donc à consulter rapidement un médecin.

Selon une étude réalisée par l’Anses entre janvier 2012 et juillet 2019, 1 022 cas d’exposition aux chenilles processionnaires ont été enregistrés par les centres antipoison.

Par ailleurs, notez que ces insectes peuvent aussi être très dangereux pour les animaux; comme les chiens et les chats. En cas d’ingestion, l’animal risque notamment une nécrose de la langue, voire un décès.


Chenilles processionnaires : comment s’en protéger ?

L’Anses dévoile sur son site plusieurs gestes à adopter et prodigue quelques conseils pour éviter des réactions inflammatoires urticantes.

Dans un premier temps, évitez les zones infestées pendant la saison à risque, porter des vêtements couvrants lors des promenades dans ces lieux, et bien sûr, ne jamais tenter de toucher ou de déplacer ces insectes. En effet, il est recommandé de ne pas s’approcher et de ne pas toucher les chenilles ou leur nid, en particulier les enfants. Évitez de vous promener également sous les arbres porteurs de nids. Notez qu'il n’est pas nécessaire d’être en contact avec une chenille pour présenter des symptômes : ses soies urticantes qui se détachent suite à un contact mécanique ou lorsque la chenille se sent agressée, sont transportées très facilement sous l’effet du vent.

Évitez aussi de vous frotter les yeux pendant ou au retour d’une balade. Si vous avez un jardin, veillez à bien laver vos fruits et les légumes. Enfin, éviter de faire sécher le linge à côté d’arbres infestés.

Les services municipaux, conscients de l'ampleur du problème, ont mis en place des stratégies d'intervention ciblées. L'échenillage, ou l'enlèvement des nids, et l'installation de pièges spécifiques font partie des mesures adoptées pour limiter la prolifération des chenilles. Par ailleurs, encourager les populations de mésanges, prédateurs naturels de ces insectes, s'avère être une méthode écologique complémentaire efficace.

En cas d'exposition accidentelle, les réflexes à adopter sont clairs : se laver soigneusement et changer de vêtements pour éliminer les poils résiduels. Les symptômes d'irritation cutanée ou oculaire nécessitent une consultation médicale sans tarder. Et en cas de réactions plus graves, les numéros d'urgence sont à composer immédiatement. En cas de signes d'urgence vitale (détresse respiratoire, réaction allergique grave…) : appelez le 15 ou le 112.

On récapitule, pour réduire les dangers d'intoxication dus aux chenilles processionnaires, suivez ces recommandations :

  • Évitez de vous approcher ou de toucher les chenilles et leurs nids, particulièrement important pour les enfants.
  • Gardez une distance prudente des arbres qui abritent des nids de chenilles.
  • Lors de balades en forêt ou à proximité d'arbres contaminés, privilégiez le port de vêtements couvrants.
  • Évitez de toucher vos yeux pendant ou après une promenade dans des zones à risque.
  • Assurez-vous de bien nettoyer les fruits et légumes du jardin si des chenilles sont présentes dans les alentours.
  • Ne laissez pas votre linge sécher à proximité d'arbres infestés.
  • Si vous pensez avoir été exposé à ces chenilles, prenez immédiatement une douche et changez de vêtements.
  • En présence de symptômes critiques tels que des difficultés respiratoires, composez le 15 ou rendez-vous aux urgences.
  • Consultez un médecin ou contactez un centre antipoison en cas de symptômes d'intoxication.
  • En cas de contact avec une chenille, prenez une photo pour aider à son identification.
  • Si vos animaux domestiques sont affectés, faites appel à un vétérinaire ou contactez un centre antipoison vétérinaire, comme le Centre antipoison animal et environnemental de l’Ouest ou le Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires.

Informations pratiques

Site officiel
www.iledefrance.ars.sante.fr

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