Une mortalité liée au coronavirus bien plus importante qu'annoncée... Voilà ce qu'évoque le Réseau REVA (Réseau européen de ventilation artificielle) dans un document révélé par nos confrères du Monde il y a quelques jours. Un taux de mortalité dans les services de réanimation du pays, concernant les patients du nouveau Covid-19, qui serait de l'ordre de 30 et 40%, contre le chiffre de 10% avancé par le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, lors de son point presse du 17 avril dernier.
"On n’a jamais vu de tels taux de mortalité. Avec le H1N1, même avec les formes les plus graves, on était à 25 %", a par ailleurs évoqué Matthieu Schmidt, médecin en réanimation à la Pitié Salpêtrière, et coordinateur du Réseau REVA. Des chiffres étonnamment élevés qui s'expliquent par la gravité de la maladie et son caractère protéiforme : "On n’est pas seulement sur une pneumonie ou sur une simple défaillance des organes pulmonaires, mais sur une pathologie grave qui a aussi une grande composante inflammatoire, vasculaire ou qui peut également atteindre les reins", explique également Matthieu Schmidt.
Alors, pourquoi les chiffres avancés par Jérôme Salomon sont-ils 3 à 4 fois inférieurs ? Parce qu'il ne s'agit pas de prévision, mais d'un état de fait à l'instant T. Ce chiffre se fonde sur le point épidémiologique de Santé publique France, publié le 16 avril dernier, et ne prend en compte que les données dores et déjà connues. Une information qui s'est avérée vraie à ce moment-là, comme l'indique le document révélé par Le Monde : sur les 2806 patients présents dans 144 services de réanimation en France, entre le 16 mars et le 12 avril, seuls 291 patients Covid-19 sont décédés, soit un taux de mortalité à 10,37 %.
Un écart de chiffres qui ne reflète donc pas totalement la réalité des services de réanimation, mais que reconnaît l'entourage du directeur de la Santé : "Les propos du directeur général de la Santé se fondent effectivement sur une photographie des données de Santé publique France, et sur le nombre de patients décédés parmi les patients admis en réanimation, soit la mortalité « à l’instant T » au niveau de l’échantillon de Santé publique France", ont-ils ainsi expliqué à nos confrères de CheckNews, la cellule de vérification d'informations de Libération. Et de poursuivre : "Ce n’est pas une information sur la mortalité à l’issue d’un séjour en réanimation pour un patient".
Quoiqu'il en soit, on ne connaîtra réellement le taux de mortalité qu'une fois la crise passée, après avoir analysées toutes les données tout au long du parcours hospitalier des patients. Un chiffre qui devrait se rapprocher des estimations du Réseau REVA.