En France, le confinement est levé depuis le 11 mai dernier. Depuis, de nombreux commerces accueillent à nouveau du public, tout comme les parcs et jardins, mais uniquement dans les départements situés en zone verte. En revanche, la réouverture des restaurants, cafés et bars se fait encore attendre. De nombreuses plages du littoral ont également eu l’autorisation de rouvrir pour le plus grand bonheur des amateurs d'air iodé.
Alors, avec ce beau temps et l’été qui se profile à l’horizon, beaucoup vont être tentés d’aller faire trempette et se rafraîchir dans la mer, les lacs ou encore les rivières. Mais faut-il craindre une éventuelle contamination au Covid-19 par l’eau ?
Selon la Haute Autorité de la Santé Publique, « l’analyse de la littérature scientifique ne permet pas de confirmer, à ce jour, la présence de SARS-CoV-2 infectieux dans les eaux du milieu naturel. Le HCSP précise que le contrôle sanitaire ne reposant que sur des paramètres bactériens, il reflète une contamination par des rejets de matières fécales, mais pas une prédiction de la présence du virus SARS-CoV-2 infectieux. »
Comme le souligne le HCSP, « dans le cas des baignades et de leur environnement, c’est le respect strict des mesures de distanciation physique qui constitue un élément fondamental et prioritaire de prévention générale d’infection par le SARS-CoV-2. ».
Même avis pour le Ministère de la santé qui confirme qu'à ce jour, "il n’a pas été rapporté de contamination par l’eau. Cette maladie est à transmission interhumaine par la voie des gouttelettes (toux, éternuements, mains souillées par les gouttelettes)."
On rappelle toutefois qu’au mois d’avril dernier, la Ville de Paris avait annoncé la suspension de l'usage de son réseau d'eau non potable après avoir constaté des traces de Covid-19 dans certains points de prélèvement testés.
Comme le révèle France Info, plusieurs études autour de la propagation du virus SARS-CoV-2 en milieu aquatique commencent à voir le jour. On fait donc le point autour de ces études.
Pas de traces du virus dans les coquillages et l’eau de mer
Afin de savoir si l’eau de mer peut être contaminée par le virus SARS-CoV-2, l’Ifremer, l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, a réalisé des analyses sur des coquillages (huîtres et moules) prélevés sur plusieurs sites en Normandie, en Bretagne, sur la côte atlantique et en mer Méditerranée.
Les premiers résultats, dévoilés le 18 mai dernier, se sont révélés négatifs. "Aucune trace du coronavirus (...) n'a été détectée dans les échantillons d'eau de mer et de mollusques analysés", a fait savoir l’Institut qui précise que certains de ces prélèvements avaient été potentiellement souillés par des rejets de stations d’épuration. Pour autant, les résultats se sont donc avérés négatifs.
D’après Soizick Le Guyader, chercheuse à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer de Nantes, "le SARS-CoV-2 reste très peu rejeté dans les selles. Un faible pourcentage de la population a été contaminé. Les eaux usées sont traitées et même si elles arrivent souillées jusqu’à la mer, elles sont ensuite fortement diluées." a-t-elle expliqué sur France Info.
Attention toutefois car ces prélèvements ont été analysés pendant le confinement de la population française. Ils devront donc être surveillés dans les prochains jours.
Comme le rappelle une autre étude, cette fois-ci dévoilée par le conseil supérieur de la recherche scientifique espagnol, "la principale voie de transmission du SRAS-CoV-2 dans les plages, les rivières, les lacs et les piscines passe par sécrétions respiratoires générées par la toux, les éternuements et le contact de personne à personne".
Qui des piscines ?
Selon les scientifiques, il existe peu de risque autour d’une éventuelle contamination au Covid-19 dans les eaux traitées, et donc dans les piscines, en raison justement de « l'utilisation d'agents désinfectants largement implantée ». D’ailleurs, selon le rapport du Haut Conseil de la santé publique, la désinfection par le chlore est "efficace" pour des virus similaires.
Le Haut Conseil de la Santé Publique indique qu’ « aucune étude concernant la survie du SARS-CoV-2 dans l’eau de piscine n’est disponible à l’heure actuelle. L’eau des piscines ne semble pas un lieu propice pour la survie et le développement des virus. Les virus qui possèdent une enveloppe – virus grippaux ou virus de la famille des coronavirus – sont trop fragiles et survivent trop peu longtemps dans le milieu extérieur pour se transmettre dans les piscines ». Par ailleurs, « les virus ne peuvent pas se répliquer en dehors des tissus de leur hôte et ne peuvent pas se multiplier dans l’environnement. Par conséquent, la présence de virus dans une piscine est le résultat d’une contamination directe par les baigneurs, qui peuvent excréter des virus par des rejets fécaux non intentionnels ou par la libération de fluides corporels, tels que la salive, le mucus ou les vomissures. » a rajouté le HCSP.
Malgré le déconfinement, les piscines restent encore à ce jour fermées au public. Une décision autour de leur réouverture devrait être prise après le 2 juin. La raison ? La difficulté d’y faire respecter les mesures de distanciation sociale notamment dans les vestiaires et les douches.
Et pour les amateurs de saunas, sachez que des scientifiques espagnols se veulent plutôt rassurants dans la mesure où la température, supérieure à 60°C dans ces lieux, diminue considérablement les chances de survie du virus.
Plus d’inquiétude autour des lacs et rivières
"La survie du SARS-CoV-2 dans l'eau (...) non traitée peut être supérieure" à celle dans les eaux traitées ou salées a fait savoir le Conseil supérieur de la recherche scientifique espagnol, relayé par France Info. Concernant "les rivières, les lacs, les piscines d'eau douce et [les eaux] non traitées", les spécialistes les considèrent d’ailleurs comme les "milieux aquatiques les plus déconseillés".
La transmission du virus par l’eau inquiète également d’autres pays, comme l’Australie. Cette semaine, une étude a été lancée à Melbourne afin de détecter toute trace du Covid-19 dans les eaux usées.