Se dirige-t-on vers une deuxième vague de coronavirus... ? Avec l'apparition de nouveaux clusters partout dans l'hexagone et une hausse du nombre de nouvelles contaminations, en augmentation de 26% par rapport à la semaine passée, c'est en tout cas la direction que le pays semble être en train de prendre selon le dernier bilan de l'agence Santé publique France, publié vendredi 24 juillet 2020. Une reprise également actée par la direction générale de la santé qui indique de son côté une hausse du R0 à 1,3.
Des indicateurs qui mettent en état d'alerte les hôpitaux de Paris et d'Île-de-France, où les clusters se multiplient en flèche. Chacun se prépare donc comme il peut à l'arrivée de nouveaux patients. C'est le cas de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière qui, après avoir démonté les tentes en extérieur pour effectuer le tri, est désormais de nouveau sur le qui-vive : "La semaine dernière, nous avons eu plusieurs patients Covid, mais cette semaine seulement deux. L’accélération ne s’est pas confirmée" explique ainsi Pierre Hausfater, chef de service, à nos confrères du Monde.
Il poursuit en expliquant que l'absence d'une partie des médecins et infirmières, en vacances, pousse tout de même son service à revoir son organisation et pourrait rendre l'admission des patients plus compliquée : "Nous commençons déjà à avoir des difficultés pour trouver des lits d’hospitalisation", indique-t-il.
En Île-de-France, où les clusters apparaissent de plus en plus comme dans le Val-d'Oise ou en Seine-Saint-Denis, "au-dessus du seuil de vigilance" la semaine passée, on constate également une hausse du nombre de patients atteints de la Covid-19. Une petite hausse, certes, mais qui suffit à mettre en état d'alerte les hôpitaux de la région. "On ne sait pas si la vague va atteindre le rivage, mais tout le monde la voit arriver", explique ainsi Djillali Annane, chef du service de réanimation de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches, dans les Hauts-de-Seine (92), toujours à nos confrères du Monde. "Après s’être effondré en juin, le nombre de cas positifs a recommencé à augmenter parmi les patients que nous testons", poursuit-il.
Une situation qui, même si elle est alarmante, n'est pas comparable à celle du mois de février selon Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive-réanimation à l'hôpital Avicenne de Bobigny. Et pour plusieurs raisons : le respect des gestes barrières, du port du masque et la multiplication des tests, "joue un rôle de ralentissement [...] En Seine-Saint-Denis, particulièrement touchée, on devrait avoir un nombre de personnes immunisées plus important", rapporte-t-il. Il continue : "Plus que la maladie en soi, l’important, c’est que le système de santé puisse y faire face, ce qui pourrait être le cas si ce n’est pas explosif".
À l'AP-HP, la cellule de crise a déjà été réunie pour prendre le pouls et prévoir dès à présent une stratégie : "Si un hôpital ou une équipe estimait son nombre de patients trop élevé, une régulation régionale serait organisée vers d’autres établissements, mais ce n’est pas nécessaire à ce jour", expliquent les Hôpitaux de Paris. "Ce que l’on veut éviter à tout prix, c’est de devoir arrêter les soins pour d’autres patients, de déprogrammer de nouveau une partie de l’activité, c’est un enjeu majeur de santé publique", indique de son côté François Crémieux, directeur adjoint de l'AP-HP.
"On a l’expérience, on sait s’habiller, on a tout prévu en termes de structures pour se mobiliser très rapidement", ajoute Éric Maury, professeur de médecine intensive-réanimation à l’hôpital Saint-Antoine. Une expérience qui sera forte utile pour faire face à cette potentielle deuxième vague.