Covid et immunité collective : la Suède obligée de revoir son modèle après un pic de l'épidémie

Par Cécile de Sortiraparis · Publié le 18 novembre 2020 à 12h20
La Suède souffre d'une seconde vague de contaminations au Covid-19, bien plus forte que ce à quoi elle s'attendait. Pour contrer l'épidémie, le pays change de stratégie et impose des recommandations beaucoup plus strictes.

On enviait ses résultats au printemps dernier. La Suède avait passé la première vague européenne du coronavirus avec aisance, sans confinement et sans règle drastique. Après un été plutôt calme, le pays nordique est confronté à un pic de contamination. Pour enrayer la propagation de la maladie, le gouvernement a décidé de mettre fin à son modèle "d'immunité collective" et de passer à des mesures plus strictes.

En début d'année, la Suède avait misé sur l'immunité collective : écoles et collèges ouverts, pas de confinement, mais de la discipline : les Suédois respectaient sérieusement les recommandations de leur gouvernement : rester chez eux quand ils sont malades, se laver les mains et garder ses distances. Un premier pic de mortalité en juin a poussé l'état à instaurer un semi-confinement. Puis, la situation s'est calmée et la Suède a profité d'un été et d'un début d'automne tranquilles.

La situation s'est gâtée à la mi-octobre. Le nombre de contaminations a rapidement augmenté pour atteindre, la semaine dernière, les 4 600 cas journaliers, la semaine dernière. On constate sur les cartes du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), que la Suède est bien plus touchée que ses voisins européens. 

Face à cette seconde vague qui fait l'effet d'un tsunami pour le royaume de Charles XVI Gustave. Le Premier ministre Stefan Löfven a donc choisi de mettre en place des restrictions plus importantes.

Nouvelles règles

Dans son discours du 16 novembre 2020, retranscrit par Le Monde, le chef du gouvernement adopte un ton grave. « N’allez pas à la gym, ni à la bibliothèque, n’organisez pas de dîner, ni de fête à la maison, a-t-il imploré. Annulez tout (…). Et ne cherchez pas à contourner [les recommandations]» Le Premier ministre a insisté sur l'urgence de la situation, qui nécessite des mesures fortes, « sans précédent dans l’histoire moderne » du pays.

À partir du 24 novembre, en Suède, les rassemblements publics de plus de huit personnes sont interdits, et ce pour un mois minimum. Cette règle ne s'applique pas obligatoirement aux réunions privées, mais Stefan Löfven encourage les citoyens à la respecter en toute circonstance. 

Depuis le 10 novembre, la vente d'alcool était déjà interdite après 22 heures, forçant les bars et les restaurants à fermer à 22h30, jusqu’au 28 février 2021 au moins.

De plus, toutes les régions suédoises, sauf une, ont durci les recommandations d'usage. Les citoyens doivent privilégier le télétravail, éviter les transports en commun, les salles de sport, les magasins, limiter le plus possible les contacts avec des personnes extérieures au cercle familial... Quelques régions ont aussi rétabli l’interdiction des visites dans les maisons de retraite, qui avait été levée le 1er octobre.

Toujours pas de confinement en vue pour la Suède, cependant. Le Premier ministre ne peut, pour le moment, pas l'imposer légalement, pas plus qu'il ne peut ordonner la fermeture des bars et des magasins. Une loi en ce sens est en cours d'élaboration, mais elle ne sera pas adoptée avant l’été prochain. Le port du masque n'est pas non plus obligatoire pour les Suédois, mais le Premier ministre a rappelé qu’il n’était « pas interdit » dans les transports en commun.

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