Vacciné, mais quand même contagieux ? Voilà une idée qui va à contre-courant de ce que l'on attend d'un vaccin, mais l'interrogation reste sérieuse. Si la
Haute Autorité de Santé n'a aucun doute sur l'efficacité du futur
vaccin contre la Covid-19, elle conserve malgré tout un doute sur sa capacité à bloquer totalement toute contagion.
Dans un
communiqué mis en ligne le 30 novembre 2020, l'autorité publique prend très au sérieux le risque de contagion et préfère attendre que «
les études établissent la preuve que les vaccins ont une efficacité possible sur la transmission du virus » avant de donner son accord pour lancer la campagne de vaccination.
Les vaccins aujourd'hui à l'étude - et qui devraient arriver sur le marché d'ici
quelques semaines - ont avant tout été pensés pour éviter le développement des formes
graves du coronavirus ; mais ils n'ont pas d'impact sur la transmission du virus. Le professeur
Daniel Floret, vice-président de la commission technique des vaccinations, explique au
Parisien que «
le vaccin stoppe la maladie au niveau des poumons mais pas forcément l'entrée du virus dans le corps, c'est là le problème. Pour qu'il empêche la transmission, il faut qu'il bloque la pénétration du virus au niveau de ces voies aériennes. »
Il est donc possible qu'une personne vaccinée présente quelques symptômes mineurs et transmette le virus. D'autres experts, interrogés par
Le Parisien, ne sont pas tout à fait d'accord sur le degré d'efficacité d'un futur vaccin quant à la question de la transmission du virus. Le directeur de recherche du CNRS
Bruno Pitard estime qu'un risque réel est présent : «
pour vous donner une image, si vous avez 100 particules virales et qu'il en bloque 80, il en reste 20, vous pouvez donc avoir quelques symptômes. Si vous allez au cinéma et que vous toussez à côté d'une personne sans masque, il est possible de la contaminer. »
Jean-Michel Pawlotsky veut tempérer cette idée. Selon ce virologue du CHU de Henri-Mondor, à Créteil, « certes, en théorie, c'est possible, le vaccin n'est pas l'armure de Dark Vador, prévient-il, mais dans les faits, c'est peu probable ». « Au début, il est possible que le virus infecte un peu les cellules avant que les anticorps ne le bloquent mais la réponse immunitaire intervient très vite », ajoute-t-il.
Pour Jean-Michel Pawlotsky, il n'y a pas de raison que ce vaccin n'agisse pas comme tous les autres : avec cette immunité nouvelle, le corps devrait savoir reconnaître et combattre rapidement le virus qui tenterait de pénétrer dans l'organisme. Le virologue insiste alors sur l'importance d'un plan de vaccination à grande échelle : « Ce qui est important, c'est la dimension collective. Le nombre de personnes immunisées sera tellement important, que les risques de transmettre le Covid vont être de plus en plus faibles au fil du temps, pour cela, il faut une vaccination de masse ».
Un entre-deux existe. L'immunologiste
Jacqueline Marvel est favorable au principe de précaution dont fait preuve la Haute autorité de santé. Pour la scientifique, même vaccinée, la population ne doit pas renoncer aux
gestes barrières et au port du masque. Jacqueline Marvel pense cependant que le vaccin fonctionnera comme nous l'espérons tous : «
A ma connaissance, tous les vaccins stoppent la transmission ».
Pour elle aussi, l'immunité collective via la vaccination du plus grand nombre permettra d'enrayer radicalement la propagation du Covid-19. Cette vaccination de masse va cependant s'échelonner sur plusieurs mois : les
personnes prioritaires devraient profiter de la première salve de vaccins en début d'année 2021.