Une étude qui vient préciser l'efficacité du vaccin contre la Covid de Pfizer sur les variants du virus... Selon une étude publiée le 10 avril par des chercheurs de l'université de Tel-Aviv et par Clalit, le premier assureur de santé du pays, et non-avalidé par ses pairs pour le moment, le vaccin Pfizer/BioNTech perdrait en efficacité contre le variant sud-africain, la souche étant susceptible de davantage "franchir" les défenses induites par le vaccin.
En quoi a consisté cette étude ? Celle-ci a comparé deux groupes : un premier de 400 personnes n'ayant pas reçu de doses de vaccins et ayant contracté le virus, et un second de 400 personnes également, ayant reçu une ou deux doses du vaccin Pfizer et ayant également été testée positif au virus auparavant. Les chercheurs ont ainsi constaté, dans le second groupe, que chez 150 personnes - ceux ayant reçu deux doses de vaccin - "le taux de prévalence (de la souche sud-africaine, NDLR) était huit fois plus élevé que chez les personnes non vaccinées". "Le variant sud-africain est capable, dans une certaine mesure, de franchir la protection du vaccin", explique ainsi Adi Stern, professeure à l'université de Tel-Aviv et coauteur de l'étude, à nos confrères de l'AFP.
"Cela veut dire que le vaccin Pfizer/BioNtech, bien qu'extrêmement protecteur, n'offre probablement pas le même niveau de protection contre le variant sud-africain du coronavirus", par rapport aux autres formes du virus, concluent ainsi les chercheurs. Mais étant donné le "très petit nombre de personnes vaccinées infectées" par cette souche, soit huit au total, c'est "statistiquement insignifiant", précise l'étude.
Un essai qui rectifie quelque peu les résultats publiés le 1er avril dernier par le laboratoire américain... Selon les dernières analyses de Pfizer, son vaccin serait bel et bien efficace contre les variants les plus répandus à hauteur de 91%, comme le rapporte nos confrères du Wall Street Journal. Et de donner quelques précisions sur la durée de l'immunité après injection de la deuxième dose : "PfizerBioNTech a affirmé que son vaccin est efficace à 91,3 %, six mois après l’injection de la deuxième dose", expliquent-ils. Des résultats issus des observations post vaccination des volontaires de l'essai clinique qui ont mené à l'élaboration du vaccin, et qui se poursuivent pour déterminer si l'immunité peut être plus longue.
Des résultats qui font également échos à une étude plus ancienne, publiée début février, effectuée in vitro par des chercheurs américains et publiée fin janvier dans la revue Nature Medicine, le vaccin de Pfizer serait bel et bien efficace contre les variants du coronavirus, qu'il s'agisse de la souche britannique, sud-africaine ou brésilienne. Au cœur des interrogations, une mutation en particulier, E484K, présente dans le variant sud-africain et brésilien, et ayant commencé à apparaître sur une souche du variant britannique.
En quoi a consisté cette étude ? Comme l'expliquent nos confrères du Figaro, les chercheurs du laboratoire "ont synthétisé des pseudovirus complets qu’ils ont mis en présence d’anticorps prélevés dans le sang de patients vaccinés". Une étude qui diffère des précédentes dans le sens où celles-ci laissaient surtout penser que les anticorps "identifiés comme étant les plus efficaces de se fixer au virus pour le bloquer" parvenaient peu à s'accrocher au virus, et l'empêcher d'entrer dans les cellules. Sauf que problème : ces anticorps-là étaient issus de patients guéris, et non vaccinés, puis mis en présence du virus. Tout le contraire de cette nouvelle étude qui utilise les anticorps issus du sang de volontaires vaccinés.
Quoiqu'il en soit, "Il y a des inquiétudes légitimes sur l’efficacité des anticorps face à ces variants", précise de son côté Étienne Decroly, directeur de recherche CNRS au laboratoire Architecture et fonction des macromolécules biologiques à Marseille, toujours à nos confrères du Figaro.
Et les résultats sont plutôt clairs : l'efficacité est similaire, voire identique, concernant ce vaccin par rapport à la souche "classique" du virus. "Ces résultats sont d’autant plus encourageants que cette méthode ne mesure que l’efficacité d’une partie du système immunitaire", explique de son côté Bruno Pitard, directeur de recherche CNRS au CRCINA, le Centre de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers. Et pour cause : le vaccin n'induit pas qu'une production d'anticorps, mais active "toute une réponse dite «cellulaire» contre le virus qui n’est pas mesurée dans ces travaux", selon Le Figaro.
Le 8 janvier 2021, Pfizer annonçait déjà dans un communiqué que son vaccin, le premier à circuler en France et dans plusieurs autres pays du monde, était bien efficace contre les deux nouvelles souches du virus, l'une tout droit venue du Royaume-Uni, l'autre d'Afrique du Sud. Une efficacité déterminée après qu'une étude en laboratoire ait été menée par le groupe pharmaceutique, ainsi que par des scientifiques de l'université du Texas.
Sauf qu'une étude préliminaire, publiée par des médecins sud-africains le 19 janvier, venait doucher les espoirs de beaucoup. Et pour cause, ce variant "est largement résistant aux anticorps neutralisants provoqués en réponse à une infection par des souches en circulation précédemment", et semble avoir des "implications sur l’efficacité des vaccins", ceux-ci étant "principalement basés sur une réponse immunitaire à la protéine Spike".
Concernant l'étude menée par Pfizer au début du mois de janvier, celle-ci indiquait plus précisément que le vaccin est en capacité de "neutraliser" le virus comportant la mutation N501Y de la protéine, ce qui est le cas du variant britannique présent sur le territoire. "Les anticorps des personnes ayant reçu le vaccin Pfizer-BioNTech COVID-19 neutralisent efficacement le SRAS-CoV-2 avec une mutation clé qui se trouve également dans deux souches hautement transmissibles", a également expliqué le laboratoire. Pour faire plus simple, seule une toute petite partie de la protéine du virus (1%) a muté, et non le virus dans son intégralité. D'où l'affirmation de l'efficacité de ce vaccin.
Celle-ci a été menée sur plusieurs échantillons de sang, prélevés sur des volontaires ayant reçu le vaccin, mais reste insuffisante pour affirmer définitivement une efficacité confirmée sur les deux variants. Pourquoi alors sortir ces résultats ? Les scientifiques expliquent, selon nos confrères du Figaro, "que les résultats de l'étude contribueraient néanmoins à apaiser les craintes autour des vaccins administrés à des millions de personnes dans le monde dans le cadre de la lutte contre la pandémie". D'autres études doivent désormais être menées pour confirmer ces observations.
À noter également qu'une autre étude, accessible en pre-print sur MedRxiv, semble venir confirmer la nouvelle étude de Pfizer sur le sujet, indiquant plus précisément que les vaccins à ARNm protégeraient plus durablement les personnes ayant déjà contracté le virus, puis guéri de la Covid, contre les différents variants. "L’immunité induite par une primo-infection est plus complète que celle induite par un vaccin", explique Jean-Daniel Lelièvre, professeur en immunologie, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil. Et de poursuivre : "Il n’est pas étonnant, en théorie, qu’elle protège contre les variants. Mais en cas de seconde contamination, il y a un délai dans l’organisme pour que les cellules lancent la production d’anticorps. Ce délai se traduit par l’apparition de symptômes (toux, fièvre)…".
Une bonne nouvelle, donc... Ne reste plus qu'à vacciner.