Les cas de thromboses rares après injection des vaccins AstraZeneca et Janssen bientôt un mauvais souvenir ? C'est en tout cas ce qu'espèrent des chercheurs allemands qui auraient découvert, selon nos confrères du Financial Times, l'origine de la formation de ces caillots. En cause donc : l'adénovirus. "Le problème résiderait dans les vecteurs d'adénovirus que les deux vaccins utilisent pour introduire la protéine de Sars-CoV-2 dans le corps", explique ainsi le journal, indiquant que les chercheurs se sont basés sur leurs premières études sur le sujet.
Ces derniers ont ainsi expliqué "qu'une fois à l'intérieur du noyau, certaines parties de la protéine Spike se séparent et créent de nouvelles versions, qui ne peuvent pas se lier à la membrane cellulaire, où une quantité significative d'immunisation se produit". S'en suit donc une surréaction, formant des caillots. Un problème auquel les chercheurs ont également une solution, expliquant pouvoir neutraliser le risque de thromboses : "Avec les données que nous avons entre nos mains, nous pouvons dire aux entreprises comment muter ces séquences, en codant la protéine de pointe de manière à éviter les réactions d'épissage involontaires", indique ainsi le professeur Rolf Marschalek, à la tête de cette étude, toujours à nos confrères du Financial Times. Et de préciser que son équipe est déjà en contact avec Johnson & Johnson, qui produit le vaccin Janssen, pour corriger le tir.
Des caillots que de nombreux scientifiques tentaient d'expliquer, à l'image des chercheurs et médecins français, issus du collectif Du côté de la science, qui avançait en avril 2021 un début d'explications. Les thromboses ne seraient selon eux pas directement induites par le vaccin en lui-même, mais par une mauvaise injection. Des thromboses qui seraient dues à une vaccination en intraveineuse - et non en intramusculaire - conduisant à une "réponse immunitaire discordante" : "Les patients ayant eu des thromboses avaient peut-être des prédispositions et l’injection en intraveineuse a pu contribuer à une cascade", explique Éric Billy, chercheur en immuno-oncologie à Strasbourg.
Une erreur d'injection qui, malgré les précautions prises pour cibler le muscle deltoïdien, pourrait conduire à la formation de thromboses : "L'apparition dans la circulation sanguine de l'adénovirus active de manière intense les défenses immunitaires locales de l'individu afin de limiter la propagation de l'adénovirus", explique de son côté le docteur Florian Zores, membre du collectif travaillant sur le sujet. Et de poursuivre : "Cette réaction immunitaire excessive pourrait dans certaines conditions entraîner l'activation des plaquettes qui vont faire ce pour quoi elles existent : former des caillots".
Une réaction auto-immune qui n'est pas possible en intramusculaire, à moins de toucher une veine : "En cas d’injection en intraveineuse, l’adénovirus se retrouve dans le sang, alors qu’en intracellulaire il aurait infecté les cellules musculaires et n’aurait pas été dans un flux circulatoire", poursuit Éric Billy. Et de préciser : "Dans le sang, il se retrouve avec des cellules autres, qui régissent le flux sanguin, la perméabilité des veines, tout ce qui est l’homéostasie sanguine et donc la capacité thrombotique".
Comment savoir si l'injection intramusculaire a marché ou non ? Une manipulation très simple, au moment de l'injection, est conseillée par le collectif : "vérifier l’absence de retour sanguin lors de la vaccination", expliquent-ils.
Alain Fischer, professeur d'immunologie et président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, donnait également des éléments de réponses, mardi 30 mars, à nos confrères de France Inter, pouvant expliquer la formation des caillots : "Plusieurs équipes européennes, dont des Allemands, ont mis en évidence chez ces personnes qui ont développé, cinq à quinze jours plus tard, une complication sous forme de thrombose, une petite diminution des plaquettes et des anomalies de la coagulation, que l'on appelle une coagulation intra-vasculaire disséminée", précise-t-il.
Et de poursuivre : "Ils ont détecté des auto-anticorps qui provoquent l'agrégation des plaquettes. C'est cela qui déclenche la formation anormale du caillot". Il conclut : "Probablement que cet anticorps est un marqueur de cette complication, et il reste à établir s'il y a vraiment un lien causal avec le vaccin".
Concernant l'étude norvégienne, celle-ci a été menée après qu'une soignante, jeune et en sans problème de santé connu, soit décédée dix jours après avoir reçu le vaccin AstraZeneca, des suites d'une hémorragie cérébrale, sans pour autant qu'une corrélation soit établie entre sa situation et l'administration du vaccin. Depuis, de nombreux autres cas ont été observés, en particulier chez les jeunes. Du côté du régulateur européen, on poursuit tout de même les recherches. Lors d'une conférence de presse jeudi 18 mars, l'EMA a également indiqué, bien que les vaccinations pouvaient reprendre, qu'elle allait faire figurer sur les brochures adressées aux personnes venant se faire vacciner que des thromboses pouvaient potentiellement survenir.
En France, la vaccination via AstraZeneca a repris, mais reste limitée aux personnes de plus de 55 ans.