Les Français attendent avec impatience le mercredi 19 mai 2021 : c'est à cette date que les cinémas, les terrasses, les commerces non essentiels, les musées, les théâtres et bien d'autres lieux ouvrent à nouveau au public. Ce déconfinement tant attendu ne plaît pas forcément aux scientifiques et aux experts médicaux, qui jugent que le gouvernement met fin trop tôt aux mesures de restrictions qui permettent de lutter contre la Covid-19.
Les scientifiques craignent l'arrivée d'une quatrième vague épidémique, qui réduirait à néant tous les efforts entrepris jusque-là, et qui donnerait le coup de grâce aux hôpitaux et aux soignants qui luttent depuis plus d'un an face aux milliers de malades.
Dans un nouvel avis, rendu jeudi 6 mai au gouvernement, le Conseil scientifique met en garde les Français et l'exécutif. « La réouverture des activités sociales a une importance majeure », mais « les prochaines semaines restent incertaines et à risque de reprise épidémique », souligne l'instance, dont le rapport est relayé par Le Parisien.
Le Conseil scientifique rappelle que, bien que l'épidémie recule peu à peu en France depuis quelques semaines, elle se maintient toujours à un niveau élevé, et elle ne sera pas vaincue d'ici l'été. Pour éviter que le déconfinement n'engendre une quatrième vague, les experts présentent plusieurs actions à mener et conseils à suivre.
Dans sa première recommandation, le Conseil scientifique s'oppose à demi-mots à Emmanuel Macron, arguant qu'un taux d'incidence inférieur à 400 est toujours trop haut, et ne constitue pas un facteur satisfaisant pour autoriser un déconfinement. « L’option d’un plateau bas est nettement préférable à celle d’un plateau haut », lit-on dans ce rapport. Les experts rappellent par ailleurs que nos voisins européens, dont l’Allemagne, se sont positionnés sur un taux d’incidence de 100.
Le Conseil scientifique estime dont qu'un plateau bas, correspondant à une incidence inférieure à 50 ou à 100 maximum, « permettrait d’atteindre un niveau de couverture vaccinale suffisant (35 millions de primo-vaccinées au 30 juin 2021) pour envisager sereinement le relâchement des mesures de restriction, et aborder la période estivale dans les meilleures conditions ».
Dans le même temps, l'organisation recommande d'accélérer toujours plus la campagne de vaccination. Les experts souhaitent que la France puisse effectuer 500 000 vaccinations par jour, afin d'atteindre le palier de 35 millions de primo-vaccinés fin juin. Cette mesure de protection permettrait de réduire fortement les risques de contamination dans les lieux nouvellement ouverts, et qui vont attirer beaucoup de monde. De plus, en augmentant rapidement le nombre de personnes protégées, les variants résistants à la vaccination auront moins de temps pour se développer.
Cet objectif vaccinal ne sera pas facile à atteindre : entre les jours fériés en mai et la défiance des Français à l'égard de certains vaccins, comme l'AstraZeneca, les chiffres de la vaccination auront du mal à décoller en mai.
Dépistage massif
Malgré la remise en doute de leur efficacité par certains médecins, le Conseil scientifique encourage les citoyens à utiliser les autotests. La multiplication des dépistages est l'un des moyens les plus efficaces pour enrayer la progression de l'épidémie : les personnes qui se font tester doivent s'isoler pour éviter de transmettre le virus, réduisant ainsi le nombre de personnes en contact avec la maladie.
De même, les tests antigéniques et salivaires doivent être plus largement déployés dans les aéroports selon le Conseil scientifique, notamment pour pouvoir tester les voyageurs en provenance de l'étranger.
Dans cette opération de dépistage, l'instance propose également une autre méthode, moins traditionnelle : faire appel à des chiens, qui peuvent détecter le virus grâce à leur odorat. Cette technique, encore à l'essai, pourrait être déployée dans les aéroports, les universités, ou les entreprises, si le gouvernement suit les préconisations du Conseil scientifique.
Surveillance et prudence
Afin de surveiller l'évolution de l'épidémie, les experts disposent de plusieurs outils. L'un d'eux consiste à tester et analyser les eaux usées des villes, qui contiennent des traces du virus provenant des déchets humains. Le suivi des eaux usées « se révèle être une excellente sentinelle d’une reprise épidémique lorsque le niveau de circulation est bas », affirme le Conseil scientifique.
C'est grâce à cette veille, effectuée par le réseau Sentinelle, que l'Île-de-France a su, dès le mois de juin 2020 et avant que les autres indicateurs ne se déclenchent, qu'une nouvelle vague épidémique approchait.
Enfin, le Conseil scientifique insiste sur la nécessité d'informer clairement et régulièrement les Français sur l'évolution de l'épidémie. « Nos concitoyens doivent avoir conscience des enjeux soulevés par la réouverture. Leur adhésion individuelle aux mesures de protection dans cette période de réouverture est fondamentale pour aller vers un début d’été plus serein », indique l'organisation.
Pour assurer une communication claire et accessible à tous, le Conseil scientifique recommande une approche régionalisée.