Dans un communiqué présenté le 7 juillet 2020, l'Académie de Médecine s'inquiétait de l'augmentation observée de traces du coronavirus dans les eaux usées. L'institution expliquait alors l'importance de surveiller systématiquement ces eaux, afin de prévenir la résurgence du virus et, peut-être, anticiper une deuxième vague de contamination.
Les derniers prélèvements réalisés par des équipes de chercheurs, et rendus publics le 22 juillet, ont démontré la présence de traces de Covid-19 dans les eaux usées à « un niveau faible et sur certains points de suivi localisés de Paris » a fait savoir Eau de Paris et les équipes du réseau Obépine (Observatoire Epidémiologie dans les Eaux usées).
"Nous avons observé que des échantillons qui étaient négatifs sont redevenus positifs à certains endroits", a expliqué Laurent Moulin, docteur en microbiologie et responsable du laboratoire R & D biologie d’Eau de Paris à nos confrères de 20minutes. Mais selon lui, "cette très légère augmentation ne permet pas à ce stade de tirer les conclusions sur le nombre de personnes infectées".
Sur BFMTV, Laurent Moulin ajoute qu'"il était logique de retrouver une recirculation du virus. (...) On est actuellement sur une dynamique qui est en plus faible augmentation, plus lente que ce qu'on a pu observer au début de l'épidémie, et on est sur des niveaux de concentration qui sont encore un peu en tout cas du même ordre d'idée que début mars, au début de l'épidémie".
A ce jour, le laboratoire d'Eau de Paris analyse chaque semaine une centaine d’échantillons d’eau usée.
On rappelle que l'Académie de Médecine écrivait début juillet que « l’analyse microbiologique des eaux usées peut jouer un rôle stratégique dans la surveillance prospective et régulière de la circulation du virus. » Environ 10% des personnes infectées par la Covid-19 présentent des troubles gastro-intestinaux, notamment une diarrhée. De plus, les porteurs asymptomatiques du virus et ceux potentiellement contagieux peuvent éliminer momentanément le virus dans leurs selles (jusqu’à 30 à 50 %).
Si le coronavirus est « rapidement inactivé dans l’eau » et ne peut donc pas être transmis par cette voie, l'analyse des eaux usées permettrait de noter une augmentation ou une diminution des traces du virus dans la population. Ainsi, les chercheurs pourraient contrôler les évolutions du Covid-19 et voir à l'avance si de nouvelles vagues épidémiques risquent d'exploser.
L'Académie de Médecine assurait que « les tests qRT-PCR montrent que la quantité d’acides nucléiques est corrélée à la courbe épidémique, précédant l’arrivée de la vague, suivant son ascension et diminuant fortement avec sa régression. Cette relation temporelle directe avec la vague épidémique et surtout avant même son apparition, peut faire de cet indicateur un précieux outil pour prévoir d’éventuelles résurgences, en testant la présence du virus sur des centaines de milliers de personnes. »