Sa cote de popularité a chuté drastiquement en seulement quelques mois : le vaccin AstraZeneca n'a pas le vent en poupe en France. Aux débuts de la campagne de vaccination, alors que les doses de vaccin contre le Covid-19 se font rares et qu'une troisième vague s'annonce, l'AstraZeneca représentait un espoir certain.
Il était alors utilisé très fréquemment : la moitié des 200 000 doses de vaccin injectées chaque jour provenaient d'un flacon d'AstraZeneca. En juin, ce produit ne représente plus que 0,6% des premières doses administrées quotidiennement.
Comment expliquer un tel revirement de situation ?
Rapidement après sa mise sur le marché, des effets secondaires remontent aux autorités de santé, et plus particulièrement des cas de thromboses, qui effraient les instances de décisions et le grand public. En France, on recense à ce jour 47 cas de thromboses "atypiques" sur près de 4 millions d'injections.
Face à cette menace encore mal évaluée, le gouvernement suspend pendant trois jours l'utilisation de l'AstraZeneca, du 16 au 18 mars. L'Agence européenne des médicaments étudie le dossier et conclut que le risque - bien que réel - est trop faible et ne remet pas en cause la balance bénéfice/risque. Les experts scientifiques statuent que le vaccin peut continuer à être utilisé pour les plus de 55 ans.
Malgré les réassurances répétées du gouvernement et des médecins, les Français n'ont plus confiance en l'AstraZeneca et annulent leurs rendez-vous de vaccination pour ne pas recevoir ce produit. Résultat, la courbe d'utilisation de l'AstraZeneca chute : le Parisien dévoile que seulement 2 000 personnes reçoivent une première dose de ce produit par jour dernièrement.
François Bricaire, membre de l’Académie de médecine, regrette que les effets secondaires aient mis un tel coup de frein à la vaccination. « Déjà qu’il n’avait pas bonne presse et qu’il est moins efficace contre les variants, les thromboses ont été le coup de grâce », explique-t-il.
La France a encore en stock trois millions de doses d'AstraZeneca. Une partie de ces doses vont être utilisées pour administrer les deuxièmes injections aux plus de 55 ans qui ont été vaccinés avec le vaccin suédo-britannique. Mais cela ne suffira pas à vider les réserves.
L'Union européenne n'a pas passé de nouvelle commande au groupe pharmaceutique. La Commission européenne a même poursuivi le laboratoire en justice. L'UE accuse AstraZeneca d'avoir détourné des doses du vaccin vers d'autres pays, et de ne pas respecter l'accord de livraison passé.