Les anticorps monoclonaux, un traitement prometteur contre le Covid, mais mis à mal par les variants ? C'est ce qui semble se profiler à l'horizon avec la multiplication des nouvelles souches du coronavirus, plus contagieuses et détournant l'efficacité des traitements en cours d'administration et de recherche.
Une constatation qui suscite en tous les cas les inquiétudes, au point que fin mai, le bamlanimivab, traitement imaginé par les laboratoire Eli Lilly, composé d'anticorps monoclonaux autorisé aux États-Unis depuis le mois de novembre 2020 et utilisé dans les hôpitaux pour atténuer les formes graves du Covid, s'est vu retirer son autorisation de commercialisation en monothérapie. La raison ? Son efficacité réduite, voire nulle, avec les différents variants dominants dans le monde.
Un manque d'efficacité que constate plusieurs études, dont la dernière, mené récemment sur la variant indien par l'Institut Pasteur, par l'hôpital européen Georges Pompidou, le CHR d'Orléans et le CHU de Strasbourg, et arrivant à la conclusion que ce traitement en particulier est inefficace contre cette souche.
Une étude qui fait écho à une autre, menée par l'Université de Columbia, indiquant que 18 anticorps monoclonaux, qu'ils soient à l'étude ou déjà administrés par les hôpitaux, voyaient leur efficacité réduite contre le variant anglais. Parmi ces 18 anticorps étudiés, quatre voyait même leur efficacité anéantie contre les variants sud-africain et brésilien.
Mais tout n'est pas perdu puisque trois autres traitements aux anticorps, l'etesevimab (Eli Lilly), le casirivimab (Regeneron) et l'imdevimab (Regeneron) restent quant à eux efficaces, à moindre mesure, contre cette souche. Autre solution efficace : les combinaisons de produits, à l'image des trithérapies pour lutter contre le VIH. Eli Lilly, pour pallier ce problème d'efficacité, a ainsi associé le bamlanivimab à l'etesevimab, réduisant, toutes souches comprises, de 87% le risque d'évolution de la maladie vers une forme plus sévère qu'elle ne l'est déjà.
Quant à Regeneron, cette stratégie est celle exploitée depuis le début des essais sur le sujet. Une stratégie qu'exploitent désormais de nombreux pays quant à l'administration de ces traitements. C'est le cas par exemple aux États-Unis ou encore en France, où l'ANSM a donné son feu vert pour l'utilisation de deux cocktails d'anticorps, le duo casirivimab/imdevimab de Regeneron, commercialisé par les laboratoires Roche en Europe, et le duo bamlanivimab/etesevimab d'Eli Lilly.
Dernière solution également à l'étude : scanner les banques d'anticorps et en trouver de nouveaux, efficaces cette fois-ci contre les variants. Une véritable course contre la montre contre ces nouvelles souches qui menacent les progrès effectués jusque-là. Le combat se poursuit, en tous les cas, pour venir à bout de cette pandémie.