Une réponse immunitaire à toute épreuve ! Voilà ce qu'ont découvert des chercheurs dans plusieurs études, dont une publiée dans la revue Science, ou encore dans Nature, en juin dernier, expliquant que certains malades du Covid, une fois guéris, avaient développé ce qu'ils appellent une "immunité surhumaine" ou "pare-balles".
Qu'est-ce que cela veut dire ? Que certains patients seraient capables de produire des niveaux très élevés d'anticorps, capables de lutter contre le virus et tous les variants circulant dans le monde, mais également contre les variants qui pourraient surgir dans les mois ou les années à venir. Une immunité "hybride", comme l'explique chez nos confrères de NPR Shane Crotty, immunologiste à l'origine de ces travaux, qui leur permet donc de résister à toutes les souches du Covid, comme l'explique également Paul Bieniasz, virologue à la Rockefeller University.
"On pourrait raisonnablement prédire que ces personnes seront assez bien protégées contre la plupart – et peut-être la totalité – des variantes du SRAS-CoV-2 que nous verrons probablement dans un avenir prévisible", explique-t-il dans le détail. Dans une étude publiée le mois dernier en pre-print sur BioXRiv, le chercheur et son équipe ont découvert des anticorps chez ces individus qui peuvent fortement neutraliser les six variants les plus préoccupants, dont les variants delta et bêta, ainsi que plusieurs autres virus liés au SRAS-CoV-2 : un chez les chauves-souris, deux chez les pangolins et un qui a provoqué la première pandémie de coronavirus, le SRAS-CoV-1, entre autres.
"C'est un peu plus spéculatif, mais je soupçonne également qu'ils auraient un certain degré de protection contre les virus de type SRAS qui n'ont pas encore infecté les humains", poursuit Paul Bieniasz.
Qui sont donc ces personnes à l'immunité surhumaine ? Celles qui ont eu une exposition "hybride" au virus, c'est-à-dire ayant été infectées par le coronavirus en 2020 puis immunisées avec des vaccins à ARNm cette année. "Ces personnes ont des réponses étonnantes au vaccin", a indiqué de son côté la virologue Theodora Hatziioannou, chercheuse à l'Université Rockefeller. Elle continue : "Je pense qu'ils sont les mieux placés pour combattre le virus. Les anticorps dans le sang de ces personnes peuvent même neutraliser le SARS-CoV-1, le premier coronavirus, apparu il y a 20 ans. Ce virus est très, très différent du SARS-CoV -2".
Des anticorps capables de désactiver les souches du virus conçu pour être très résistant à sa neutralisation. Et qui montre tout le potentiel des vaccins à ARNm. Mais toutes les personnes dans cette situation n'ont pas forcément développé une immunité "hybride" et autant efficace : "nous n'avons étudié les phénomènes qu'avec quelques patients, car c'est une recherche extrêmement laborieuse et difficile à faire". Une situation qui pourrait être tout de même assez courante : "Avec chacun des patients que nous avons étudiés, nous avons constaté la même chose", explique-t-elle.