Après un vaccin contre le Covid, un traitement pour bientôt... Le laboratoire AstraZeneca a annoncé jeudi 18 novembre 2021 avoir obtenu des résultats concluants quant à son essai clinique avancé sur un traitement préventif par anticorps, pour éviter les formes graves du coronavirus. Un traitement qui avait déjà donné de premiers résultats concluants en octobre dernier, et qui permettrait de réduire de 67% le risque de développer une forme sévère de la maladie.
Baptisé AZD7442, sa troisième phase d'essai clinique a consisté en deux groupes, l'un ayant reçu le traitement, et l'autre un placebo. Au total, ils sont 5200 personnes dans le monde à avoir participé à cet essai, dont des Français, Nord-Américains, Belges, Espagnols ou encore Britanniques. Une phase 3 qui a concerné 903 personnes. "Vu la poursuite des infections sérieuses de Covid-19 à travers le monde, il y a un besoin important que de nouvelles thérapies comme le AZD7442 soient utilisées afin de protéger les populations vulnérables", a ainsi expliqué Hugh Montgomery, professeur de médecine de soins intensifs à University College London et l'un des principaux responsables de l'essai clinique.
Au bout de six mois de suivi, le traitement "a montré une réduction de 83 % du risque" de développer une forme symptomatique de la maladie, explique AstraZeneca. Et de poursuivre : "Aucune forme grave de la maladie ni aucun décès" lié au virus n'a été observé, toujours selon le laboratoire. À noter également que les résultats de ces essais doivent encore être soumis à des pairs avant publication officielle dans une revue scientifique. Quoiqu'il en soit, une demande d'autorisation de mise sur le marché a été faite en urgence en août dernier après de la FDA, l'agence américaine des médicaments.
Un traitement qui doit ainsi venir compléter l'arsenal anti-Covid, aux côtés du vaccin : "les deux poursuivent le même but : protéger contre les formes graves de la maladie", expliquait ainsi à nos confrères de France 24 Penny Ward, professeure invitée en médecine pharmaceutique au King’s College de Londres, en août dernier. Un traitement différent des anticorps monoclonaux actuellement utilisés par les hôpitaux contre le coronavirus, ceux-ci servant à guérir et non à prévenir : "C’est la grande différence avec les vaccins qui, eux, cherchent à stimuler le système immunitaire pour qu’il fabrique lui-même ses anticorps, alors que ces traitements permettent d’injecter directement les anticorps jugés efficaces en laboratoire", poursuit Penny Ward.
Mais le traitement ne remplace en aucun cas le vaccin, qui doit être privilégié selon la chercheuse : "il faut toujours préférer la vaccination au traitement à base d’anticorps monoclonaux quand c’est possible", indique-t-elle. Et pour cause : le vaccin, avec ses deux doses, permet de créer des anticorps (pour la première) et de réveiller les anticorps dits "de mémoire" (lymphocyte T, pour la seconde dose). Le traitement proposé par AstraZeneca, lui, ne permet pas de développer les anticorps de mémoire, luttant sur le long terme contre l'infection.
Une bonne nouvelle, tout de même, puisque si ce traitement est autorisé par les régulateurs, celui-ci pourra mieux protéger les personnes chez qui le vaccin n'apporte pas la réponse immunitaire souhaitée, à l'image des "personnes atteintes de certaines comorbidités qui affectent leur système immunitaire, comme les patients atteints de cancer, du virus du sida ou qui prennent des médicaments qui fragilisent leur système immunitaire", expliquait Penny Ward. Une façon également de convaincre les réfractaires aux vaccins, qui pour une partie préfèrent attendre l'arrivée d'un traitement, même préventif, efficace contre le Covid.
Et tout le monde y sort gagnant.