Il est improbable que l'épidémie de Covid-19 prenne fin bientôt, selon Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique. Le professeur était l'invité d'Europe 1, ce jeudi 26 août 2021. Il a effectué un petit bilan de la pandémie et de la vaccination, insistant sur les dangers d'une vaccination mondiale à deux vitesses.
Dans les pays les plus riches, comme en Europe ou aux Etats-Unis, la vaccination avance rapidement : la France prépare déjà sa campagne de rappel. A l'inverse, dans les pays les plus pauvres d'Afrique, d'Amérique du Sud ou d'Asie, le taux de vaccination est trop faible. Cet écart pourrait entraîner l'apparition de nouveaux variants plus redoutables que ceux contre lesquels nous luttons déjà.
« On est autour de 80 % d’immunité en population, cela suffirait avec le virus initial ou le variant anglais », estime Jean-François Delfraissy. Cependant, comme il le souligne, le variant Delta a changé la donne : l'immunité collective doit désormais dépasser les 90% pour que ce variant ne représente plus une menace aussi vive.
Le président du Conseil scientifique craint même l'apparition de variants ou de mutations du virus encore plus dangereuses. Le professeur explique au micro d'Europe 1 qu'il est possible de voir apparaître un "Covid-22" ou un super variant, qui serait à la fois un super-contaminateur, et un virus résistant aux vaccins et aux immunités déjà développées par la population mondiale.
« Est-ce qu’il peut survenir un super variant ? (...) Je ne l’exclus pas. En tout cas, ça mérite une surveillance extrêmement attentive. A court terme je n’y crois pas, à moyen terme on ne peut pas éliminer [cette hypothèse], parce qu’on va se retrouver en 2022 avec un monde divisé en deux : les 50 pays les plus riches du monde avec un taux de vaccination qui va être bon (...) et les pays dits du Sud », où la population est moins vaccinée, ce qui favorise la création de variants plus robustes, comme on a pu le voir au Brésil en début d'année, indique le professeur Delfraissy
L'expert garde cependant espoir : le développement de médicaments antiviraux luttant contre le Covid-19 avance rapidement ; plusieurs traitements prometteurs sont à l'étude. « Personnellement, je crois qu’on va avoir la capacité d’avoir d’ici la fin de l’année un médicament qui empêcherait de développer une forme grave et qui limiterait la contamination des autres », se réjouit-il. Attention cependant, pas question d'abandonner la vaccination pour autant : les traitements médicamenteux doivent être utilisés en complément de la vaccination.