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· Publié le 10 septembre 2008 à 14h16
Le Centre Pompidou présente la première grande rétrospective en France de
l'œuvre de Jacques Villeglé, artiste français majeur aujourd'hui âgé de 82 ans, qui
a su développer, dès 1949, à travers l'usage presque exclusif d'un matériau unique
- l'affiche lacérée - une œuvre foisonnante et d'une étonnante richesse formelle.
Cette exposition, qui rassemble plus d'une centaine d'œuvres des années 1940 à nos jours, aborde de manière thématique le parcours de l'artiste depuis l'éclatement typographique et les grandes compositions abstraites colorées des débuts, jusqu'aux récentes juxtapositions rythmiques issues d'affiches de concerts.
Revendiquant la position du flâneur, Jacques Villeglé n'est pas un auteur de «ready-made», même s'il n'intervient pas (sauf par de rares «coups de pouce») sur les affiches qu'il prélève dans les rues pour les maroufler sur toile. Son travail consiste plutôt à laisser émerger du chaos urbain les beautés cachées dans les épaisseurs de papier déchiré par des mains anonymes, qui ont parfois aussi écrit sur les affiches ou les ont maculées.
L'œuvre de Villeglé est un formidable sismographe de nos «réalités collectives» telles qu'elles sont distillées par l'espace urbain dont l'histoire nous est restituée à travers celle, singulière, de ses murs.
Elle révèle à quel point notre regard est conditionné par cet environnement visuel quotidien, et réactive notre mémoire de façon critique, mais aussi ludique.
Au croisement de mouvements aujourd'hui «historiques» tels le Nouveau Réalisme, le Lettrisme ou l'Internationale Situationniste, le travail de Villeglé, ancré dans l'actualité, est aussi salué par les jeunes
générations.
Visuel :
Rues Desprez et Vercingétorix - "La Femme", 1966
© Adagp, Paris 2008