Annoncés dès 2010, les travaux de rénovation du nouveau Grand Palais ont été retardés d’année en année : le coupable ? Les coûts de rénovation, d’abord estimés à 236 millions puis réestimés à 390 millions d’euros, sous François Hollande, sans être validés, et de l’ordre de 466 millions d’euros lors de leur validation en 2018. Et à quelques mois des travaux, la question du financement revient sur la table. Trop ambitieux pour le monde de l’après-coronavirus ?
Le chantier s’annonce pourtant titanesque. Pour Françoise Nyssen, ministre de la Culture en 2018, « [le Grand Palais] se trouve aujourd’hui dans un état de vétusté et de fragilité qui met en péril, à terme, sa capacité à rester ouvert au public et appelle donc une mise aux normes d’ensemble. Au-delà de la restauration du monument historique, les travaux auront ainsi pour objet de transformer spectaculairement la distribution dans les espaces, avec la création de la Rue des Palais, et de moderniser profondément le fonctionnement du bâtiment. »
Après de rudes négociations, le projet sélectionné doit regrouper le Grand Palais et le Palais de la Découverte, et augmenter la possibilité d’accueil du lieu de 10 000 à 20 000 personnes en ouvrant l’espace. Le problème ? Il n’est pas conçu pour le monde « post covid ». Et qu’il coûte cher : 466 millions d’euros, dont 128 M€ de subventions du ministère de la Culture, 160 M€ de subventions du Grand Plan d’investissement, 150 M€ d’emprunt Rmn-GP, 25 M€ de mécénat Rmn-GP, 3 M€ de partenariats muséographie Universcience.
Le Figaro révèle que le modèle économique repose d’ailleurs sur une fréquentation maximale du site. Pour rembourser le crédit, il faut dégager 10 millions d’euros par an dès 2025, grâce à la billetterie, aux événements et aux produits dérivés. Pour le président de la Réunion des Monuments nationaux dont dépend le site : « Ni le calendrier ni le budget ne sont mis en cause. Nous tiendrons nos engagements tant sur l’envergure du projet culturel que sur son coût. Cela commence à bouger. Les appels d’offres sont prêts à être lancés. On ne veut pas renoncer à l’ambition originelle qui est de rendre la nef au grand public, de retrouver une unité entre le Palais de la découverte et le Grand Palais, et d’augmenter la fréquentation de ce lieu unique .»
Les travaux du Grand Palais vont être axés sur plusieurs points :
Ce projet est à la charge de François Chatillon, Architecte en Chef des Monuments historiques du ministère de la Culture, qui part d’un constat dur : « Rares sont les visiteurs qui font le lien entre la grande verrière, les Galeries Nationales et le Palais de la Découverte ; encore plus rares sont ceux capables de citer le nom des architectes du Grand Palais.
Les modifications réalisées au fil du temps pour des questions d’usage ont fini par masquer la grande force de la composition du plan et des volumétries. Les enjeux de cette restauration consistent à démasquer sa composition et son organisation, redécouvrir son incroyable luminosité, et révéler ses décors ».
Aussi, pour ce chantier, François Chatillon a fait appel à Umberto Napolitano et Benoît Jallon, de l’agence LAN. Cette agence est aussi en charge de la construction du théâtre du Maillon à Strasbourg, du développement et de la coordination de nouveaux quartiers à Bordeaux et Nantes ou de la construction d’un des plus hauts bâtiments en bois de France.
Aura-t-on le droit à ce Grand Palais ou en reverront-ils la copie ? Le temps nous le dira, mais les Jeux olympiques n’attendront pas !
Lieu
Grand Palais
3 Avenue du Général Eisenhower
75008 Paris 8
Accès
M° Champs-Elysées Clemenceau
Site officiel
www.grandpalais.fr