Les historiens du sport évoquent souvent ce dicton grec appliqué aux imbéciles - « il ne sait ni lire ni nager » -, pour estimer que la natation faisait partie des disciplines à maîtriser pour toute bonne éducation antique. Découvrez donc quelques bons plans piscines de la capitale!
La piscine de la Butte aux Cailles, 5 place Paul Verlaine (XIIIe) marque parfaitement la transition entre les « bains » et les « piscines » proprement dites, où la natation remplace peu à peu la simple baignade. La découverte en 1866 d'une nappe d'eau chaude souterraine fut à l'origine de la construction d'un établissement de bains-douches en 1908. En 1921, l'architecte Louis Bonnier dépose le projet de construction d’une piscine, dont les travaux commencent en 1922 et s'achèvent en 1924, date d'ouverture au public. Louis Bonnier a conçu la piscine selon des critères nouveaux d'exigences sanitaires. Ainsi, cabines et bassins sont séparés, ce qui n’était pas le cas à Château-Landon, et les nageurs doivent passer par les douches et un pédiluve avant de rejoindre le bassin.
Celui-ci est situé sous une imposante voûte en ciment armé soutenue par sept arches en béton. La façade du bâtiment, en briques rouges Art Nouveau, fait beaucoup pour son charme et lui a valu d’être classée aux monuments historiques.
Elle est dotée de trois bassins, un bassin intérieur de 33 mètres, et deux extérieurs de 25 et 12 mètres.
Construite à partir de 1927 par l’architecte Henri Sauvage, la piscine des Amiraux, située rue Hermann-Lachapelle dans le quartier Simplon (XVIIIe), est l’une des plus attachantes de la capitale. Classée aux monuments historiques en 1991, ainsi que tout l’immeuble qui l’abrite, elle a la particularité assez rare de se situer en étage. Son aspect très années 30 et sa disposition avec coursives, inspirée de celle de Château-Landon en ont fait un lieu pittoresque qui a servi de décor à une scène du film Amélie Poulain.
Le bâtiment conçu dès 1923 par Henri Sauvage est typique de la volonté municipale de l’époque, gagnée aux vues hygiénistes, et décidée à offrir aux revenus modestes des logements spacieux et aérés.
Les amateurs d’Art Nouveau trouveront leur bonheur à l’espace Pailleron, 32 rue Pailleron (19e), qui a conservé l’imposante façade en briques conçue par l’architecte Lucien Pollet en 1933. La piscine et la patinoire attenante ont été repensées et remodelées en 2001 par l’architecte Marc Mimram, qui a eu l’heureuse idée de préserver le style années 30 du bâtiment.
La verrière a été entièrement refaite et permet au bassin de 33X15m de bénéficier d'un éclairage naturel. Le traitement de l'eau à l'ozone fait également de la piscine Pailleron la moins chlorée de Paris.
Autre établissement conçu fin 1934 par Lucien Pollet, la piscine Pontoise, 17, rue de Pontoise, a un peu remplacé le bain Deligny dans le cœur des Parisiens fortunés de la Rive gauche. Jolie bâtisse rouge située à deux pas du boulevard Saint-Germain, sur l’emplacement de l’ancienne fourrière municipale, elle dispose d’une décoration intérieure parmi les plus caractéristiques de Paris avec ses carreaux de céramique rouge, ses 160 cabines de déshabillage aux portes bleus et blanches, installées sur deux coursives, et sa luminosité tamisée, qui lui donne un aspect intimiste. C’est ici qu’en 1936, juste après l’ouverture, le commandant Cousteau et le commandant Le Prieur effectuèrent leurs premiers tests sur un scaphandre qui allait révolutionner la plongée.
Parmi les anciennes piscines aujourd’hui disparues, on citera la piscine de l’Etoile, 32 rue de Tilsitt, dont l’architecture est toujours très visible dans le décor du restaurant brésilien Pau Brasil, qui s’y est installé. Ou encore l’ancienne piscine du Lutétia, 17, rue de Sèvres, classée, et qui sert toujours de décor aux boutiques qui s’y sont succédées. Il est envisagé de la remettre en eau.
Par François THOMAZEAU (textes) et Sylvain AGEORGES (photos)