En 2008, la France et le monde découvrait son nom : Jérôme Kerviel, trader de la Société Générale dont les diverses opérations au cours de l’année 2007 ont fait trembler le système bancaire français. Bien vite, le nom est associé à une affaire, l’affaire Kerviel, et les médias s’emparent bien vite de cet ouragan de l’histoire des banques mondiales.
En 2010, deux ans plus tard, deux ans d'accusations, de procès, paraissait chez Flammarion L’Engrenage, mémoires d’un trader, livre signé Jérôme Kerviel. Pour la première fois, l’homme au centre de l’affaire prenait la parole, après que son nom, il lui dit lui-même, « ait été traîné dans la boue par de trop nombreux journalistes, banquiers, hommes politiques ou avocats ». C’est de ce livre que s’est inspiré Christophe Barratier, cinéaste à la filmographie diverse et traditionnellement bien loin de la finance (Le Peuple migrateur, Océans, Les Choristes, Faubourg 36, La Nouvelle guerre des boutons), pour réaliser son nouveau film, L’Outsider.
On y découvre, en haut de la flamboyante tour Société Générale de la Défense, un jeune Kerviel (Arthur Dupont) plus qu’enthousiaste à l’idée d’intégrer une des plus grandes banques du monde. On suit son ascension, sa prise de confiance, ses dépassements, les limites qu’il franchit, et très vite, les risques qu’il prend. Face à lui, des acteurs tels que François Xavier-Demaison excellent dans les rôles de collègues et supérieurs.
Dans un film au sujet aussi sensible (le fin mot de l'histoire, huit ans plus tard, n'est pas encore connu et les déboires juridiques sont toujours en cours), on aurait craint la prise de partie. Ici, pourtant, ni position ni de vulgarisation, mais un récit clair et précis des faits, excellemment interprété. Le film en ressort absolument passionnant, et d'une véritable utilité.
L'Outsider, de Christophe Barratier.
En salle le 22 juin 2016.