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· Publié le 14 janvier 2009 à 16h03
Un reporter star (Franck Bonneville) et un ingénieur du son de la radio R2i (Albert Poussin) se retrouvent au centre d'une histoire de faux reportages et d'une prise d'otage bidonnée. Tel est en substance le pitch du film "Envoyé très spéciaux" de Frédéric Auburtin, mettant en scène le duo inédit Gérard Lanvin -Gérad Jugnot. Quelques mois après la libération d'Ingrid Betancourt,ce film alimente la polémique : "Peut-on rire de tout"?. Rencontre avec Gérard Lanvin.
Le 21 janvier, on va vous retrouver à l’affiche de « Envoyés très spéciaux ». C’est une comédie sur un bidonnage de prise d’otages. Ce qui est assez amusant, c’est que vous jouez le rôle d’un journaliste radio, une star de la radio. Et ce n’est pas vraiment une profession que vous aimez, les journalistes. Le fait de jouer un journaliste à l’écran a plus de crédit à vos yeux que dans la vraie vie ?
Gérard Lanvin : Non, j’ai du respect pour les journalistes. Mais chez nous aussi, il y a des cons et des mecs biens. Il y a des journalistes systématiques, qui ne vont jamais nous surprendre. Et il y a des journalistes objectifs, c’est ceux-là que j’apprécie. Et qui plus est, j’apprécie énormément le boulot que j’ai fait dans « Envoyés très spéciaux », film de Frédéric Auburtin, c'est-à-dire le grand reporter de guerre. J’ai vraiment une admiration et un respect profonds pour ces hommes-là, qui risquent leur vie, pour être au plus près de toutes les incidences, de toutes les catastrophes qu’on peut lire, entendre ou regarder dans les médias.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de jouer ce personnage-là, dans ce film-là ?
Tout d’abord, je suis assez client des duos. C’était l’occasion avec Gérard Jugnot de fréquenter un comportement que je n’avais pas encore joué dans un duo. Ce n’est pas le même que celui avec Franck Dubosc, Giraudeau, Blanc ou Villeret… Il y avait une possibilité de recommencer à jouer en duo avec un acteur que j’aime beaucoup, Gérard. Arrivé à un certain moment de nos vies et de nos parcours, c’était assez exact de se retrouver avec Gérard, de pouvoir jouer non pas deux imbéciles mais deux mecs très performants dans ce qu’ils font et ce qu’ils sont, qui sont obligés par la distraction de l’un des deux, de commencer à mentir. Ils vont se ferrer dans ce mensonge. J’ai trouvé que le ressort comique était très drôle. Ça nous permettait de jouer sérieusement une situation qui devenait tout sauf sérieuse.
Au tout début du film, votre personnage est traité de « fouille-merde ». Est-ce que vous le voyez un peu comme ça, ou vous trouvez que c’est exagéré ?
Non. C’est un journaliste qui se comporte comme un journaliste de terrain. Il est toujours habillé en noir. Il a une veste en cuir, un tee-shirt et un froc noir, parce qu’il est prêt à partir à n’importe quel moment. Ces hommes-là, on leur dit « Ce soir tu vas en Irak, ce soir tu vas en Afghanistan… ». Ni une, ni deux, leur sac est tout prêt au bureau et ils se barrent immédiatement en opération. Ce qui est intéressant, c’est que ce type est capable à tout moment de comprendre et d’analyser une situation, de l’interpréter et d’en parler. Sa tchatche le rend célèbre parce qu’il est très compétitif et il travaille dans une radio très importante.
A un autre moment, le personnage que joue Gérard Jugnot le qualifie d’artiste. Est-ce que vous le voyez un peu comme ça ?
Oui, bien sûr. Il est obligé de parler des évènements dramatiques qu’il voit en permanence, puisque son métier c’est d’aller vers le dramatique. En même temps, il doit intéresser l’auditeur et lui faire comprendre, par des mots et des phrases construites, la situation dans laquelle lui et le pays supposé se trouve. C’est un artiste. Il a une manière intéressante et intelligente de parler des évènements les plus dramatiques, avec un peu de spectacle à l’intérieur.
Pouvez-vous définir les qualités et les défauts, les particularités de ce personnage ? Comment décririez -vous Franck Bonneville ?
Courageux évidemment, curieux. Et il a les défauts de ses qualités. C’est un homme qui vit dans l’urgence parce que sa profession l’y oblige. Il a un point de vue un peu particulier sur la vie. Il est très disponible. Mais il refuse systématiquement de promettre quoique ce soit à qui que ce soit. Il vit de manière très égoïste, certes. Il vit en même temps une célébrité qui ne le dérange pas trop, puisque c’est une voix, il est à la radio, et non pas à la télévision. C’est un passionné. Il est quand même capable d’aller faire le con à n’importe quel moment. Il est disponible pour ça aussi.
Est-ce qu’il a des points communs avec vous ? Il y a-t-il des passerelles entre vous deux ?
Non, si ce n’est la passion. Mais sinon, non, moi je suis plus construit que cela. Je ne vis pas seul et j’ai fait des promesses.
Justement, le leitmotiv de votre personnage c’est de ne jamais rien promettre. Est-ce que ça vous correspond au quotidien ?
Non, je peux évidemment promettre et je tiens mes promesses. Une promesse dite est une promesse à tenir, sinon il ne faut pas promettre. Je suis plutôt de ceux qui promettent, dans des situations particulières et avec des gens particuliers évidemment. Je ne passe pas ma vie à promettre n’importe quoi à n’importe qui. Tandis que Franck Bonneville, même avec ses proches et son entourage le plus favorable, il ne promet jamais rien. Il ne veut pas s’autoriser à promettre, ça le débarrasse. C’est un égoïste.
Qu’est-ce que ça fait, quand on tourne à Paris et qu’on a son visage sur des affiches énormes, dans la veine de ce qui a été fait pour Ingrid Betancourt. Est-ce qu’on est amusé ? Il y a de la gêne derrière ça ou pas ?
Non, on s’est amusé parce que c’est une situation particulière, une comédie. On a tout fait sauf rigoler sur les otages. J’ai entendu Ménard nous critiquer, Ménard ne nous connaît pas, ne connaît pas Gérard Jugnot. Il ne connaît pas nos qualités humaines. Nous travaillons dans le système du spectacle. Je pense que dans une comédie, il faut savoir parler de l’époque dans laquelle on vit, sinon ce n’est pas intéressant. On ne se moque en rien de ce pauvre otage qui est aujourd’hui en Afghanistan et qui souffre. Mais c’est une situation de comédie possible à utiliser. Pas forcément les otages mais la situation qui amène ces deux individus à se faire passer pour… Quand vous voyez vos photos, ces énormes placardages, à Gare de l’Est ou dans Paris, il y a un moment où vous vous dites que c’est troublant. Il y a marqué « un franc pour nos otages », et vous vous voyez dans une situation assez troublante, parce que ça existe. On l’a déjà vu. Alors que là c’est avec vos gueules. On sait bien que c’est un tournage mais quelque part ça vous choque. Ça peut vous choquer quand vous arrivez et que vous découvrez ces deux énormes têtes au-dessus de la Gare de l’Est.
Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de soutenir des causes humanitaires, liées à des otages, ou liées à la médecine, la politique… ?
Non, je fais des choses mais je ne le dis pas. Il est évident qu’on s’intéresse forcément à des causes quand on est concerné par quelque chose, on y va un peu plus profondément. Mais ça reste des choses très personnelles. Ce n’est pas à dire. Ce ne sont pas des causes qui sont forcément médiatisées.
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