Grave n'est pas encore dans les salles françaises et pourtant sa réputation le précède déjà. Cette œuvre de Julia Ducournau suscite d'avance des frissons d'horreur à cause du malaise vagal de deux spectateurs lors de sa projection à Toronto. On se demande alors, le film serait-il si "grave" que ça ?
Il était une fois Justine, une jeune fille surdouée et au premier abord, aussi douce que naïve. Toute sa famille est végétarienne et vétérinaire. C'est donc tout naturellement qu'elle suit le même schéma. Alors qu'elle s'apprête à intégrer l'école vétérinaire, sa vie va prendre un tournant décisif et pour cause : de végétarienne, elle passera à cannibale.
Alors oui, dit comme ça et avec la réputation qui précède le film, on s'attend à un véritable bain de sang. Pourtant le film est moins gore que ce à quoi on pourrait s'attendre. Il est pourtant assez dérangeant.
Dans Grave, on est souvent dans la suggestion. Des images symboliques nous préparent en douceur à la descente aux enfers de Justine. Les phares d'une voiture qui s'éteignent, une peluche d'agneau pendue... Des petits indices se glissent, semblables à des avertissements que nous sommes les seuls à voir.
Le déroulement de l'histoire est teinté d'ironie. Lors de son arrivée à l'école vétérinaire, Justine est perdue, son regard est hagard, et on la sent craintive alors qu'elle s'apprête à affronter l'épreuve du bizutage. Les bizuts sont semblables à du bétail, obéissants aux étudiants plus âgés, suivant le mouvement. Alors que la jeune femme essaye de rester fidèle à ses principes, on l'incite à ne pas se rebeller et à lui faire ce qu'on lui demande, même lorsqu'il s'agit de manger de la viande. Et c'est là que, tout d'un coup, les choses deviennent incontrôlables. Les rôles s'inversent alors.
Pour le rôle de Justine, Julia Ducournau a choisi Garance Marillier, à laquelle elle avait déjà confié le rôle principal de son court-métrage Junior. On la félicite pour le choix de cette jeune actrice qui incarne Justine à la perfection. Au début du film, lorsqu'on voit cette jeune étudiante toute innocente, on a du mal à l'imaginer devenir une personne aussi glaçante. Et pourtant, lorsque l'agneau devient un loup infiltré dans la bergerie, son jeu d'acteur nous met mal à l'aise. Son regard animal, ses lèvres retroussées et son allure bestiale ne nous laisse aucun doute : Justine est devenue un prédateur.
L'autre point fort de ce film, c'est la musique. Si parfois elle offre un véritable contraste avec la scène, le moment du déclic de Justine, celui où elle bascule vraiment dans la noirceur, est marqué par un morceau angoissant aux influences gothiques. Réalisée par le compositeur anglais Jim Williams, cette bande originale contribue à nous plonger dans l’œuvre et en vient même parfois à nous donner le ton de l'émotion que l'on est censés ressentir de manière plus poignante que les images.
Le film mêle humour noir et horreur. Des scènes quotidiennes dans lesquelles on se reconnait se voient brutalement interrompues par une tournure inattendue. Outre le cannibalisme, Grave aborde plusieurs thématiques telles que le bizutage et l'humiliation qu'il peut engendrer, l'homosexualité, ainsi que le harcèlement d'une manière générale. Malgré tout, il est assez difficile de saisir l'éventuel message derrière l’œuvre. On regrette également une fin que l'on pourrait prévoir dès la moitié du film.
Grave n'en demeure pas moins une œuvre assez unique que l'on classe à défaut dans le genre horreur. Préparez-vous néanmoins à son arrivée en salle, le 15 mars 2017.
Informations Pratiques
Grave de Julia Ducournau
Sortie en France le 15 mars 2017
Durée : 1h38
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Dates et Horaires
Du 15 mars 2017 au 22 mars 2017
Âge recommandé
À partir de 16 ans
Durée moyenne
1 h
38 min
Plus d'informations
Interdit aux moins de 16 ans