Project Power, Mulan, Forte... quand le cinéma délaisse les salles au profit des plateformes de SVOD

Par Laurent de Sortiraparis · Publié le 25 août 2020 à 15h17
Et si le cinéma se faisait désormais, ou du moins en partie, sur les plateformes de SVOD ? Une tendance qui s'est accélérée pendant la période de confinement dû au coronavirus et qui pourrait bien s'imposer de plus en plus à l'avenir au détriment des exploitants de salles qui grincent des dents. On fait le point.

Le cinéma en aura vu des vertes et des pas mûres en 2020... La raison ? Le coronavirus, bien évidemment, qui a obligé les salles à fermer pendant le temps du confinement et les distributeurs à renvoyer les sorties de films aux calendes grecques. Certains ont même dû, heureusement ou malheureusement, annuler purement et simplement la sortie en salles de leur film, au profit d'une diffusion sur les différentes plateformes de SVOD comme Netflix, Disney+, Apple TV+ ou encore Amazon Prime Videos, qui, elles, se sont frotté les mains pendant le confinement.

Une décision qui a secoué la Fédération nationale des cinémas, qui regroupe pas moins de 6000 salles, déclarant, comme le rapportent nos confrères de 20Minutes, "regretter profondément" ce choix. Mais une tendance surtout, qui existait bien avant le coronavirus, et qui s'est accélérée pendant la crise sanitaire. "On était déjà dans une période de mutation", indiquait ainsi Bertrand Bonello, co-président de la Société des Réalisateurs de Films, au micro de nos confrères de France Inter début août. Et de poursuivre en expliquant que la pandémie "a fait que peut-être ce qui aurait dû se passer en 4/5 ans se fasse en 2/3 mois".

Le confinement, un moyen de booster le catalogue de films des plateformes de SVOD

Du côté des plateformes, on en profite pour étoffer le catalogue cinéma, au même titre que celui des séries. Concernant les films prévus en salles et finalement sortis en SVOD dernièrement, on peut parler de Forte, comédie française de Katia Lewkowicz qui devait initialement sortir au cinéma le 18 mars 2020, mais qui, confinement oblige, s'est vu octroyer une diffusion sur la plateforme Amazon Prime Videos le 15 avril dernier. On peut aussi évoquer Mulan, l'un des derniers longs-métrages en live action signé des studios Disney, maintes fois reporté et qui s'est finalement vu propulsé sur Disney+ au lieu de sortir en salles comme prévu, faisant grincer des dents les gérants de salles qui attendaient ce blockbuster pour attirer de nouveau les foules. D'autres ont préféré se lancer directement sur les plateformes sans passer par la case cinéma, comme Project Power (avec Jamie Foxx et Joseph Gordon-Levitt) sorti sur Netflix, Seberg (avec Kristen Stewart) sorti sur Amazon Prime ou encore Greyhound (avec Tom Hanks) sorti sur Apple TV.

Un manque à gagner pour les exploitants de salles qui se sont inquiétés - et qui s'inquiètent encore - de leur avenir. Ainsi donc, en juillet, la fréquentation des salles obscures s'est effondrée, avec une baisse de 73,8% selon le CNC. Ils estiment par ailleurs, comme le rapportent nos confrères de 20Minutes, que "cela ne peut qu’accentuer la crise que connaissent les salles de cinéma en optant pour des modes de diffusion bien moins créateurs de valeur que la sortie en salle et très éloignés du principe au cœur du spectacle cinématographique : rassembler un public, partager des émotions et faire vivre la culture au cœur de la cité et des territoires".

La fin des salles de cinéma a-t-elle sonné ?

Une nouvelle stratégie à adopter, donc, pour les salles de cinéma pour concurrencer ces nouveaux supports, mais surtout pour survivre dans cette jungle audiovisuelle. Et cette stratégie, Bertrand Bonello en a dessiné les contours, indiquant qu'il "ne faut pas jouer la salle contre la plateforme", mais plutôt travailler main dans la main pour assurer la diversité des films et leurs diffusions. Mais le co-président de la Société des Réalisateurs de Films se pose tout de même des questions : "On n'est pas contre travailler avec les plateformes. Mais ont-elles envie de travailler avec nous ?", s'interroge-t-il. De son côté, Sylvie Pialat, productrice et scénariste, expliquait à nos confrères de Francetvinfo que c'est aux films en eux-mêmes qu'il va falloir s'attaquer : "Il va sérieusement falloir se pencher sur comment rendre les plus jeunes aussi addicts à la salle de cinéma qu'aux écrans domestiques", indique-t-elle. Elle poursuit : "il faut inventer des solutions qui ne soient pas la réédition de vieilles stratégies".

Du côté des réalisateurs, on reste tout de même confiant sur l'avenir du cinéma, tout comme la Fédération nationale des cinémas qui précise que "les chiffres de fréquentation quotidiens montrent que les films, même s’ils ne sont pas assez nombreux, trouvent individuellement leur public en salle". Le point fort du cinéma ? Son attrait tout particulier, mais surtout son environnement (salle, confort, écran géant, ambiance particulière, etc.) ancré dans les consciences, et qui n'est pas prêt de s'en déloger. La volonté des distributeurs aussi, qui préfère majoritairement, du moins pour le moment, la diffusion de leurs œuvres dans les salles obscures.

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