Bird d'Andrea Arnold, en compétition officielle au Festival de Cannes 2024 : Notre avis

Notre premier coup de cœur du Festival de Cannes 2024, c’est Bird, le nouveau film d’Andrea Arnold. La cinéaste britannique est une habituée des lieux, tour à tour membre du jury en 2012, présidente du jury de la Semaine de la Critique en 2014, présidente du jury Un Certain Regard en 2021 et lauréate par trois fois du Prix du Jury du festival, avec Red Road, Fish Tank et American Honey.

C’est avec toute la justesse et la radicalité qu’on lui connait qu'Andrea Arnold, l'une des maîtres du cinéma social britannique, signe ce nouveau film dans un décor qu’elle connait bien : les banlieues anglaises. Y vivotent la jeune Bailey (Nykiya Adams, son premier rôle au cinéma) aux allures de garçon manqué, son frère Hunter (Jason Buda) dont la petite amie de 16 ans vient de tomber enceinte, et leur père Bug (Barry Keoghan, aperçu dans Dunkerque, Mise à mort du cerf sacré, Saltburn), très juste dans le rôle de ce père-enfant tatoué de partout et obstinément infantile, bien plus intéressé par l’organisation de son mariage avec sa dernière petite copine en date, rencontrée il y a à peine 6 mois, que par l’éducation de sa progéniture. Mais s’il est bien mal délivré, l’amour est tout de même là. 

Tous trois vivent dans un squat délabré du comté de Kent, au sud-est de Londres, mais c'est sans condesendance, aucune, qu’Andrea Arnold filme ce quotidien pourtant pathétique, sur fond de trafics en tous genres, de grossesses adolescentes et d’abandon éducatif. Las, la jeune Bailey qui approche de la puberté rêve à mieux, lorsqu’elle fait la rencontre, dans un champ - et dans une scène d’une beauté intrigante - de Bird (Franz Rogowski, vu chez Haneke et Malick), un drôle de personnage qui va l’aider à prendre son envol et tenter d'échapper à la fatalité sociale à laquelle sa naissance l’a destinée.

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Caméra à l’épaule, dans le style naturaliste qui lui est propre, Andrea Arnold livre un portrait bouleversant et brut de cette classe de laissés-pour-compte, où celui qui hurle ou frappe le plus fort devient, par la force, le roitelet de ce microcosme pourri jusqu’à l’os. S’il est indéniablement un drame social, Bird a l'intelligence de s'ouvrir vers d’autres horizons - comique, d’abord, comme dans cette séquence sur le sirupeux ‘Yellow’ de Coldplay chantée par Bug et ses copains de débauche afin de faire suinter un crapaud d’une drogue hallucinogène ; bouleversant aussi, cette violence inouïe vue à travers les yeux de Bailey et subie par sa mère et ses petites sœurs sous le joug d’un nouveau compagnon bien bas du front.

Et soudain, le fantastique surgit là où on ne l’attend pas, offrant à Bird (et par Bird) de véritables instants de poésie, là, bien cachés sous l'épaisse couche de graffitis et de crasse.

Cet article est basé sur les informations disponibles en ligne, nous n'avons pas encore visionné le film ou la série mentionné. 

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