Susan (Eva Green) a le cœur brisé. Michael (Ewan McGregor) enchaîne les conquêtes d’un soir. Ils se rencontrent et au lieu d’une histoire normale c’est une épidémie qui se glisse entre eux. Elle évoluera au même rythme que leur romance et, aux difficultés liées à une relation sentimentale normale, s’ajoute alors cette " maladie " qui viendra mettre à mal leurs sentiments.
Plusieurs cas d’une étrange épidémie sont identifiés : les sujets sont d’abord pris de crises de larmes avant de perdre complètement l’odorat. Michael travaille comme chef dans un restaurant, Susan est chercheur et tente précisément de percer les mystères de cette maladie qui se généralise. Ils se rencontrent dans ces circonstances et au cours de leur premier rendez-vous, ils sont à leur tour, victimes de l’épidémie. Chacun reprend sa vie, eux, comme le reste du monde. Les gens apprennent à vivre sans l’usage de leur sens, comme s’il n’avait jamais existé. Puis, un second cycle de l’épidémie survient. Cette fois, elle prive l’humanité de son goût. A l’angoisse et la terreur succèdent la résignation et l’adaptation. Le genre humain se découvre un pouvoir de reconstruction insoupçonné. Comme la fois précédente, après les lamentations vient le temps de la guérison, et pour palier à ce nouveau manque, ce ne sont plus les saveurs qui sont exacerbées cette fois, mais les textures et les sensations. Tandis que Susan réapprend à faire confiance et vit avec Michael une histoire passionnée.
Lorsque les habitudes ont pris le pas sur la tristesse, un nouveau stade de l’épidémie intervient déclenchant de nouveaux symptômes avant d’annihiler définitivement un autre sens. David Mackenzie montre combien l’espèce humaine est capable de s’habituer au pire. Mais si tous sont voués à disparaitre, qu’adviendra-t-il de notre humanité ? Dans cette ambiance de fin du monde, Susan et Michael tentent de trouver une place pour couver leur amour comme on pourrait faire pousser une graine en plein désert. Bousculés, malmenés, victimes de cette terrible épidémie qui se répercute non pas sur la santé physique mais émotionnelle des individus, les poussant à agir de façon incontrôlable et désordonnée, leur histoire va-t-elle résister ? Ewan Mc Gregor et Eva Green, à la fois simples et complexes dans leurs rôles de Michael et Susan révèlent une grande sensibilité dans ce monde en feu. Ils se cherchent, se rejettent, se trouvent pour mieux se perdre.
Ces personnages, discrets et entêtés, le choix de ces deux acteurs, font de Perfect Sense un film crédible et sincère. Parce qu’à mille lieux du blockbuster, des super héros et d’une fin du monde promise à un sauvetage en bonne et due forme, la combinaison donne à cette théorie un goût de réalité que l’on n’a pas envie de réfuter, ne serait-ce que pour se rappeler que nos sens sont aussi précieux que normaux et que la rareté ne devrait pas être la seule chose à laquelle on accorde de l’importance.