Certes nous ne serions pas très glamour mais tellement plus opérationnels pour affronter les difficultés de la vie. Vous avez essayé avec un costard étriqué ou une paire de talons de 12 ! Vous pensez : " il y a un fossé entre être négligé et bien dans ses baskets ", peut-être. Il n'empêche, le casual friday doit avoir du bon puisque quelqu'un a eu la génialissime idée de l'instaurer. D'accord, pour Terri si la vie peut ressembler à un vendredi sans fin, elle est loin d'être un long fleuve tranquille. Lorsqu'on est un adolescent, obèse, qui ne sait pas où sont ses parents et élevé par un oncle atteint d'Alzheimer, il y a certaines circonstances atténuantes dont nous ne pourrions certainement pas nous réclamer...
Terri a un adulte malade à sa charge, une scolarité à mener, un surpoids à assumer et des insultes quotidiennes à encaisser. Que vient donc faire le pyjama dans toute cette histoire ? Est-ce un costume qu'il porte pour mieux gérer ? Une façon d'attirer les regards sur autre chose que ses kilos ? Un moyen de minimiser le retard du matin ? Peut-être bien et c'est aussi une allégorie de l'adolescence et de ses mystères.
Azazel Jacobs nous offre avec Terri une jolie comptine sur les affres de la vie lycéenne, cette période où tout est question de vie ou de mort, ou tout est vécu à fleur de peau. Il y a des hauts, très hauts, des bas, vraiment bas et d'autres moments plus mitigés, ceux où l'on se cherche. Terri expérimente tout seul, de son côté : les petits succès comme les grandes peines, avec simplicité et élégance (un pyjama pour chaque circonstance). Il est touchant, émouvant, jamais complaisant. Ce jeune garçon de 17 ans à quelque chose de sérieux dans le regard, un vide qu'il finira par combler auprès de ses improbables et torturées amitiés. L'union fait la force dit-on. C'est surtout vrai face à un ennemi redoutable comme l'adolescence.
Terri explore le thème des extrêmes : la sexualité, l'alcool et la solitude avec une douceur infinie, comme un paradoxe avec ce monde où tout va toujours trop vite, de façon trop brutale et excessive. Et l'on se rappelle alors que l'adolescent est un adulte, comme les autres.